Y a-t-il déjà eu une équipe avec un dossier de 12-2 qui a moins fait parler d'elle que l'édition actuelle des Falcons d'Atlanta? Peut-être les Falcons de 1998, alias les «Dirty Birds», qui avaient passé l'automne à entendre parler des Vikings du Minnesota et des Broncos de Denver, comme nous tous.

Les Falcons disputeront leurs deux derniers matchs de la saison à domicile, contre les Saints de La Nouvelle-Orléans et les Panthers de la Caroline. Normalement, ils devraient boucler le calendrier avec au moins 13 victoires, eux qui viennent d'en signer huit de suite.

Or, pendant que Michael Vick et les Eagles de Philadelphie dominent les manchettes, et que Tom Brady et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre reçoivent leurs bouquets de fleurs habituels, pas un mot ou presque n'est dit au sujet de l'équipe de la Géorgie. Ça pourrait toutefois changer à compter de lundi soir.

Un texte paru dans nos pages en septembre 2009 soulignait que la rivalité entre les Falcons et les Saints s'intensifierait au cours des prochaines années. Les Saints ont fait leur part en connaissant la meilleure saison de leur histoire, mais leurs rivaux de division ont déçu. Après avoir constitué la surprise de 2008 en vertu d'une récolte de 11 victoires, les Falcons ont fini la saison avec une tiède fiche de 9-7.

L'équipe de Mike Smith est toutefois en train de faire oublier son exclusion des séries de l'année dernière. Une autre victoire et elle s'assurera de l'avantage du terrain dans la conférence Nationale. Et l'avantage du terrain, ce serait un pas de géant pour les Falcons, qui visent une deuxième participation au Super Bowl; Matt Ryan a remporté 19 de ses 20 premiers matchs au Georgia Dome, et ses 15 derniers...

Le quart-arrière, qui dispute présentement sa troisième saison, est perçu comme le grand sauveur des Falcons et il l'est en partie. C'est cependant le jeune directeur général Thomas Dimitroff qui est l'architecte des succès de l'organisation, qui a connu les pires moments de son histoire pourtant pas toujours glorieuse, en 2007.

Repartir à zéro

Quelques années après avoir accepté un contrat de 10 ans pour 130 millions - dont un bonus à la signature 37 millions - qui lui permettait de devenir le plus haut salarié de la NFL, Michael Vick a été arrêté. Alors qu'il aurait dû entrer dans son apogée à l'âge de 27 ans, Vick s'est retrouvé derrière les barreaux.

Ce fut là un revirement de situation un peu trop dramatique pour Bobby Petrino, qui n'aura finalement été l'entraîneur-chef des Falcons que pour 13 matchs, en 2007. Il avait quitté la NCAA en croyant qu'il dirigerait Vick, puis s'est plutôt retrouvé avec Joey Harrington!

Au terme de la désastreuse saison des Falcons en 2007 (4-12), Arthur Blank a pris sa meilleure décision depuis qu'il a acheté le club en accordant le poste de directeur général à Dimitroff. Ayant fait ses classes à titre de dépisteur - de 2002 à 2007 chez les Patriots, notamment -, Dimitroff a fait les bons choix dès son arrivée.

Il a d'abord offert le job d'entraîneur-chef à Mike Smith. L'ancien coordonnateur défensif des Jaguars de Jacksonville possédait un bon mélange d'expérience et d'enthousiasme.

Les Falcons se sont ensuite entendus avec le demi Michael Turner, qui a amassé 3826 verges et marqué 38 touchés au sol en moins de trois saisons à Atlanta. L'acquisition du demi a d'ailleurs grandement facilité le boulot de Ryan, que Dimitroff a repêché avec le quatrième choix de l'encan de 2008, son premier à l'emploi des Falcons.

Recrue offensive par excellence de 2008, Ryan n'a cependant pas été la seule prise du nouveau DG. Le bloqueur Sam Baker, le secondeur Curtis Lofton, le demi de sûreté Thomas DeCoud, et l'ailier défensif Kroy Biermannn ont tous été sélectionnés cette année-là, et sont tous des joueurs réguliers de l'équipe aujourd'hui.

Dimitroff a continué d'améliorer sa formation en obtenant l'ailier rapproché Tony Gonzalez en 2009, puis le demi de coin Dunta Robinson l'hiver dernier. Gonzalez a déjà capté 145 passes et inscrit 11 touchés avec les Falcons tandis que Robinson a amélioré une tertiaire qui possédait déjà quelques bons jeunes joueurs: Brent Grimes, William Moore et DeCoud. Seuls les Pats et les Eagles ont plus d'interceptions que les 19 des Falcons cette saison.

La domination de Roddy White

Les Falcons ont greffé plusieurs éléments à leur équipe lors des dernières années, mais leur meilleur joueur est avec eux depuis 2005. À l'exception d'Andre Johnson, aucun receveur n'est supérieur à Roddy White dans la NFL.

Après n'avoir totalisé que 59 attrapés, 952 verges et trois touchés à ses deux premières saisons, White a capté au moins 83 passes à chacune de ses quatre dernières. Il mène présentement le circuit pour le nombre d'attrapés (106) et les verges par la passe (1284), lui qui n'a jamais raté un match.

Le rendement et la constance de l'attaque sont rendus possibles grâce au quintette devant Ryan, composé du centre Todd McClure, des gardes Justin Blalock et Harvey Dahl, et des bloqueurs Baker et Tyson Clablo. Il n'a accordé que 21 sacs, le troisième à ce chapitre dans la NFL. Les Falcons totalisent également 1717 verges au sol, ce qui leur vaut le septième rang. Il s'agit assurément de l'une des cinq meilleures lignes offensives de la NFL.

C'est évident, les Falcons sont talentueux. Mais le sont-ils suffisamment pour imiter leurs cousins de La Nouvelle-Orléans en terminant leur saison sous une pluie de confettis? Leur inexpérience, ou leur front défensif un peu léger, ou encore leur ancien quart-arrière, maintenant avec les Eagles, les empêcheront-ils d'y parvenir?

C'est une question qui demeurera évidemment sans réponse pour un certain temps encore. Par contre, s'ils réussissent à vaincre les champions en titre pour une deuxième fois cette saison - eux qui s'étaient inclinés devant Drew Brees et les Saints dans sept de leurs huit affrontements précédents -, on devrait à tout le moins entendre parler d'eux un peu plus.