Steve Bégin assure que son «deuil est passé». Que lui et sa femme ont définitivement tourné la page sur leur séjour à Montréal, avec le Canadien, et qu'ils sont parfaitement heureux à Boston où ils ont élu domicile dans un appartement d'où on voit la baie et le centre-ville.

Un condo d'où les deux enfants du couple peuvent voir le Garden où leur valeureux papa affrontera le Canadien ce soir.

Mais quand on lui demande quelle sensation l'envahira lorsqu'il foncera tout droit sur un chandail du Canadien alors qu'il sera dans celui de l'ennemi juré du Tricolore, il ne peut s'empêcher de ricaner.

«Ça va être spécial. C'est vrai. Mais c'est ce qui est fantastique dans notre sport. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Une journée, on haït des adversaires au point de vouloir les tuer. Le lendemain, on partage le même vestiaire», a-t-il convenu en riant.

Surtout que Bégin n'a jamais caché la haine qu'il vouait aux Bruins. Rappelons ses assauts répétés sur Zdeno Chara, sa charge à l'endroit de Patrice Bergeron, une charge qui a envoyé Bégin sur la chaise du dentiste parce qu'il s'était retrouvé face première dans la bande.

«Chara m'a lancé quelques remarques quand je suis arrivé, mais je me suis rapidement fait accepter au sein du groupe. Je suis avec eux, le même joueur que j'ai toujours été. Un gars qui donne tout ce qu'il a pour l'équipe», a expliqué Bégin.

Travail enfin récompensé

Embauché à titre de joueur autonome, Bégin disputera un premier vrai match contre le Canadien, qu'il a quitté l'hiver dernier. Passé aux Stars de Dallas le 26 février, il a affronté le Canadien lors de son escale au Texas. Le dernier match de Guy Carbonneau à la barre du Canadien.

«Mais tout était tellement nouveau que je ne me souviens plus vraiment de cette partie. Celle de demain, ce sera différent.»

Différent parce que Bégin, sans être une vedette au sein des Bruins, est un rouage important.

«Tu connais Claude (Julien) comme moi. Il récompense les gars qui travaillent et qui lui donnent ce qu'il attend. Je ne travaille donc pas pour rien, car je joue beaucoup», a indiqué Bégin, qui évolue d'ailleurs au centre.

«Claude m'a ramené au centre et je suis bien content. Les choses ont bien fonctionné alors que je jouais avec Shawn Thornton et Byron Bitz. Mais à cause des blessures, on a rappelé un gars qui s'appelle Trent Withfield et j'ai été muté à l'aile. Mais peu importe où je joue, je tente d'aider la cause des Bruins», assurait Bégin.

Plus productif que Kovalev

S'il est loin d'être surprenant de voir le valeureux guerrier se donner corps et âme à la cause de son équipe, ses résultats ont de quoi surprendre.

Sa récolte de deux buts et six points en 14 matchs place Bégin sur un pied d'égalité avec Saku Koivu (2 buts, 4 passes) et Alex Tanguay (1 but, 5 passes), du Lightning de Tampa Bay, à titre de meilleur marqueur dans le groupe des anciens Canadiens.

Alex Kovalev (4 buts, 1 passe), des Sénateurs d'Ottawa, et Christopher Higgins (1 but, 2 passes), des Rangers de New York, traînent la patte.

«Je ne regarde pas souvent les statistiques. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis content de la façon dont les choses vont pour moi», a répliqué Bégin.

Et les Bruins, blanchis un deuxième match de suite mardi, à Detroit, occupaient le 12e rang de l'Association de l'Est avant les matchs disputés hier.

Loin des projections et surtout des attentes des partisans.

«On vit en ce début de saison ce qu'on a vécu l'an dernier à Montréal. Les attentes sont élevées parce qu'on a fini premiers la saison dernière. Mais on ne joue pas du mauvais hockey.

« Oui, il est difficile de perdre un aussi bon fabricant de jeu que Marc Savard et un gars aussi solide que Milan Lucic sans en subir les conséquences. Mais on frappe des poteaux, on rate des buts ouverts, la rondelle longe la ligne au lieu de la traverser. C'est plate comme ça. Mais on a une bonne équipe, on travaille très fort et quand ça va se mettre à tourner de notre bord, on va reprendre le temps perdu.»