Le Québec est très en avance sur l'Ontario dans la démarche de conscientisation sur la violence dans le hockey.

S'il y a une retombée positive des folies de Jonathan Roy, c'est qu'elles ont forcé une ministre de l'Éducation à faire des sparages et épeurer une ligue junior qui a décidé de régler un problème avant qu'il ne devienne trop dramatique.

La saison dernière, le nombre de bagarres et d'incidents disgracieux dans la Ligue junior majeur du Québec a baissé de façon significative. Merci à Jonathan Roy, à Gilles Courteau et aux propriétaires de la LHJMQ qui ont recentré leurs priorités.

Mais quand on voit l'abominable charge d'un adulte de 20 ans, Mike Liambas, sur un jeune de 16 ans, Ben Fanelli, on se dit que l'Ontario a encore beaucoup de chemin à faire avant d'offrir du hockey civilisé.

Cette agression est une tentative de meurtre. D'ailleurs, le jeune Fanelli est toujours dans un semi-coma et personne n'est en mesure de dire quelle vie sera la sienne quand il reprendra conscience. S'il reprend conscience.

Si le jeune jouait à la défense pour les Rangers de Kitchener à 16 ans, c'est que c'est un talent hors de l'ordinaire. Et si Lampias jouait avec les Otters d'Erie à 20 ans après quelques matchs chez les pros, c'est que son profil de carrière doit le destiner à un job de bras.

Il n'y a pas de «risque assumé» qui puisse justifier pareil assaut. C'est un adulte qui assomme un mineur, un ado. C'est révoltant, ça donne mal au coeur.

Mais si ça arrive, c'est parce qu'on laisse faire. Et si on laisse un adulte tenter de tuer un adolescent, c'est parce que l'exemple vient de haut.

L'exemple vient de la Ligue nationale et de ses chantres. Les propriétaires laissent leurs meilleurs joueurs se faire assommer sans exiger que leurs directeurs généraux et les dirigeants de la LNH mettent fin au massacre. Et dans une ligue junior comme l'OHL, puisque c'est payant de faire repêcher sa chair à canon par les pros, on s'enligne sur l'exemple.

Ça donne un jeune dans le coma. Un jour, ça va donner un jeune au cimetière.

Je parlais des chantres qui glorifient ces tentatives de meurtre. Heureusement, des amateurs commencent à dénoncer les Benoît Brunet de ce monde.

L'an dernier, j'ai dénoncé dans cette chronique l'absolue nullité de Brunet. En m'attardant surtout à la forme. Malheureusement, si je me fie à ce que j'écoute encore cette saison, son prof de français doit être Jacques Demers.

Mais sur le fond, c'est encore plus pervers. J'ai écouté son commentaire sur la charge d'Andrew Ladd, des Blackhawks de Chicago, contre Matt D'Agostini, du Canadien. Encore une fois, c'est de la faute du gars qui se fait massacrer «parce qu'il ne s'est pas protégé». J'aimerais savoir comme le jeune de 16 ans de Kitchener aurait pu se protéger.

Mais il y a des amateurs de hockey éclairés qui sont révoltés par les propos de Brunet. Hier, sur le blogue de Mathias Brunet (ce n'est pas son cousin), ils étaient plusieurs dizaines à témoigner leur indignation.

On peut toujours corriger les fautes de français. On peut toujours enseigner comment glisser son commentaire pendant une pause. Malheureusement, c'est beaucoup plus difficile d'enseigner à penser en tenant compte de la dignité des hommes qui disputent un match sportif. Matt D'Agostini est un homme digne de respect, et tout individu qui le frappe avec l'intention non avouée de le blesser devrait être puni sévèrement. Pas un cinq minutes quelconque, mais une suspension qui servirait d'avertissement. En fait, comme avec Jonathan Roy, c'est la police que ça prendrait dans le dossier.

C'est une énorme responsabilité qu'un Benoît Brunet de ce monde porte sur ses épaules. S'il s'élevait contre les charges sauvages, s'il exigeait un arbitrage qui respecte l'homme, s'il essayait d'ouvrir les amateurs à une notion du sport comme activité quand même civilisée, il y a des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes qui pourraient être influencés. Il y a des milliers de bénévoles et de dirigeants du hockey amateur qui pourraient être touchés par ses propos. Il y a des profs et des éducateurs qui pourraient le citer en exemple.

Au lieu, il y a 900 000 téléspectateurs qui l'entendent dire des âneries nuisibles...

Les dépenses des casinos...

Les vaillants reporters éplucheurs des comptes de l'État ont découvert que le Casino de Montréal et celui de Gatineau ont une loge pour les matchs de hockey et les spectacles dans les patinoires de Montréal et d'Ottawa. Même que Loto-Québec et les casinos auraient des billets de saison pour leurs clients importants.

Grosse découverte! Avec quoi pensez-vous que le Casino de Montréal arrive à intéresser les gros gamblers et à les attirer dans l'île au lieu de les laisser aller à Windsor, à Atlantic City ou à Las Vegas? Y a même pas d'hôtel au Casino de Montréal; ils peuvent toujours bien pas offrir des «suites garnies» !

Heureusement, à Montréal, il y a le Canadien, il y a le Centre Molson. Et l'an prochain, il y aura un Grand Prix de Formule 1. Le Grand Prix est très prisé des gros joueurs et chaque année, le Casino offre des billets dans le Paddock Club à 4500$US aux meilleurs d'entre eux.

C'est rien, ça. Quand j'ai couvert le combat de championnat entre Mikael Kessler et Éric Lucas à Copenhague, le casino pilotait un groupe de gamblers qui avaient mérité billets d'avion, chambres d'hôtel et tickets pour le combat. Même que le médecin vietnamien qui m'avait vendu sa maison à l'Île-des-Soeurs en 1996 était du voyage.

Faudrait comprendre qu'on ne vend pas un vice avec des pèlerinages à l'Oratoire. Les joueurs pathologiques qui ont les moyens de perdre beaucoup aiment mieux le Canadien et Céline Dion que le frère André et sainte-Anne. La vraie question, c'est comment il se fait que c'est l'État qui vend et contrôle les produits associés à des pathologies, l'alcool et le jeu?

Autre chose. Certains font de l'urticaire quand on parle des loges privées du Centre Bell ou du stade Uniprix. Tous ceux qui ont tenté de rencontrer un président d'entreprise en passant au travers du filet protecteur des secrétaires et des directeurs de communication, bénissent le ciel quand le même président accepte une invitation à venir assister à un match de la Flanelle dans une loge. Surtout au printemps, quand les séries approchent. S'il s'initie seulement quelques marchés dans la centaine de loges du Centre Bell dans une semaine, ça doit valoir les déductions d'impôts que la loi accorde aux locataires.

À part de ça, si on veut payer 6 millions à Carey Price dans une couple d'années, faut que le peuple contribue. Les loges des riches, ça sert à ça.