En étudiant le cerveau de l'ex-hockeyeur montréalais Reggie Fleming, victime d'une vingtaine de commotions cérébrales, une équipe universitaire a pu établir pour la première fois un lien direct entre des blessures subies au hockey et une encépathologie traumatique chronique.

L'étude du cerveau d'un ex-hockeyeur de la LNH, le Montréalais Reggie Fleming, décédé l'an dernier, a permis de démontrer un lien direct entre les blessures subies au hockey et une encépathologie traumatique chronique (ETC). Cette découverte universitaire pourrait concerner des milliers de hockeyeurs de tous les niveaux.

 

«Cette maladie, dont les symptômes ressemblent à ceux de l'alzheimer, avait déjà été associée aux boxeurs et aux joueurs de football», a expliqué à La Presse la responsable de l'étude, la Dre Ann McKee, neuropathologiste à l'Université de Boston.

«L'étude du cerveau de Reggie Fleming a montré qu'il présentait les mêmes modifications pathologiques que celles observées chez les joueurs de football ou les boxeurs que nous avons examinés. Nous avons donc maintenant de bonnes raisons de croire que des hockeyeurs souffrent ou ont souffert de cette maladie», a-t-elle précisé.

Reggie Fleming, ancien porte-couleurs des Blackhawks de Chicago et des Bruins de Boston, avait contracté la maladie à la suite de blessures répétées au cerveau durant sa carrière dans la LNH, de 1959 à 1972.

L'ETC est une maladie du cerveau qui provoque un déclin des fonctions cognitives, des troubles du comportement et, ultimement, la démence. Elle est directement liée aux blessures subies à la tête, notamment aux commotions cérébrales. Ses conséquences très graves se manifestent à long terme.

La Dre McKee, qui a témoigné plus tôt cet automne devant un comité du Congrès américain sur les blessures au football, estime que les dirigeants des circuits professionnels ne peuvent sous-estimer la gravité de la situation.

«Des changements importants devront être apportés aux règles de sports comme le football ou le hockey si on veut diminuer le nombre de blessures, a-t-elle souligné. Nous ne sommes pas là, en tant que chercheurs, pour dire aux dirigeants ce qu'ils doivent faire. Mais nous pouvons leur montrer, preuves à l'appui, que la situation est tragique pour un grand nombre d'athlètes et leur famille.»

Des résultats alarmants

Depuis quelques années, plusieurs athlètes ont accepté de subir les tests permettant de diagnostiquer l'ETC. Les familles d'athlètes décédés ont aussi accepté que leur cerveau soit étudié par les chercheurs. Selon la Dre McKee, les résultats sont alarmants. «Nous avons pu examiner les cerveaux de 12 joueurs de football et de cinq boxeurs décédés récemment, et tous présentaient les caractéristiques pathologiques de la maladie. Nos collègues canadiens, à Toronto et à Montréal notamment, étudient aussi la maladie, et nous aurons sûrement des données encore plus précises au cours des prochaines années.»

Bill Daly, le commissaire adjoint de la LNH, a indiqué dans un communiqué que la ligue ne commenterait pas l'étude avant d'avoir pu l'analyser en détail. Un porte-parole de l'Association des joueurs a jugé que les résultats confirmaient la nécessité d'études plus exhaustives.

La politique de la LNH en matière de gestion des blessures à la tête est considérée comme l'une des plus avancées du sport professionnel. Elle prévoit entre autres l'obligation d'obtenir le diagnostic d'un spécialiste indépendant avant d'autoriser le retour au jeu d'un joueur victime d'une commotion cérébrale.

L'absence de règles précises pour éliminer les coups à la tête qui provoquent ces blessures est toutefois devenue l'objet d'un vif débat. Si, d'une manière générale, le nombre de commotions est en baisse légère depuis quelques années, la gravité des blessures est plus sévère et les absences sont plus longues.