Menée par le jeu inspiré de sa capitaine Krystina Alogbo, l'équipe canadienne de water-polo a poursuivi son beau parcours aux Championnats du monde FINA de Rome, disposant de la Russie par la marque de 8-7 en demi-finale, hier. En finale, les Canadiennes retrouveront de vieilles rivales, les Américaines, championnes du monde.

L'objectif reste le même: l'or, rien de moins.

«Tout le monde pense que les Américaines sont invincibles. Moi, je pense qu'on peut les battre», a affirmé avec conviction l'entraîneur-chef PatOaten lors d'un entretien téléphonique depuis la capitale italienne.

 

Très heureux de ce duel tout américain qui, espère-t-il, ouvrira les yeux des dirigeants de la FINA, un peu trop centrés sur l'Europe à ses yeux, Oaten n'aura pas de mal à motiver sa troupe pour la finale, prévue demain à 15h (HAE).

Les Américaines, tombeuses des Grecques 8-7 dans l'autre demi-finale, avaient battu les Canadiennes aux Jeux panaméricains de 2007, les privant ainsi d'une qualification automatique pour les Jeux olympiques de Pékin. Les États-Unis ont également vaincu le Canada lors de la Super finale de la Ligue mondiale, le mois dernier.

«C'est sûr qu'on veut se venger, a confié Alogbo quelques minutes après la victoire des Américaines. Elles sont nos plus grandes rivales. On joue toujours contre elles. On connaît leurs faiblesses. Ça nous avantage.»

Auteure de deux buts, dont celui de la victoire au quatrième quart, Alogbo a largement contribué à cette victoire contre les Russes. Oaten ne tarissait pas d'éloges à l'endroit de sa joueuse d'utilité, principale cible des Russes, beaucoup plus costaudes. «De façon générale, tout le monde a bien joué son rôle, a relaté l'entraîneur-chef. Personne ne s'est particulièrement démarqué... sauf Krystina. Elle est en feu. Elle est vraiment à un autre niveau.»

Informée des éloges de son entraîneur, Alogbo, 23 ans, est restée modeste. «Tout le monde regarde les faits saillants, mais en tant qu'athlète, je suis assez dure envers moi-même, a dit la joueuse originaire de Rivière-des-Prairies. J'avoue que j'ai marqué des buts importants, mais j'ai eu un peu de difficulté à garder ma position et j'ai fait de petites erreurs ici et là. Je veux corriger ça pour la finale.»

Le Canada s'est donné une avance de 4-1 en début de match, mais la Russie est revenue en force pour créer l'égalité 5-5 à la toute fin du troisième quart. Oaten a expliqué que les Russes ont changé de tactique, imposant une défense individuelle de tous les instants en zone défensive. «Elles étaient dans notre costume de bain, a-t-il résumé. Mais au quatrième quart, on a eu une petite discussion et j'ai dit aux filles de relaxer et de répéter ce qu'on faisait à l'entraînement.»

Le temps d'arrêt a porté ses fruits, le Canada se redonnant une priorité de 8-6 avec un peu moins de trois minutes à faire dans le match. La Russie a réduit l'écart sur un tir de pénalité à 38 secondes de la fin.

Avec quelques secondes à faire, un tir de la Russe Pantyulina de Avec quelques secondes à faire, un tir de la Russe Pantyulina de la zone des cinq mètres a touché le poteau. Oaten jure qu'il n'a même pas eu chaud malgré la canicule qui sévit à Rome. «J'étais très confiant dans les deux dernières minutes. On maîtrisait le jeu», a-t-il assuré.

L'Albertaine Emily Csikos s'est illustrée avec un tour du chapeau. Dominique Perreault, de Montréal, Christine Robinson, de Lachine, et Marina Radu, de Pointe-Claire, ont réussi les autres filets canadiens. La gardienne Rachel Riddell, de Winnipeg, a bloqué 12 des 19 lancers russes.

Cette participation à la finale est une première pour les Canadiennes depuis les Mondiaux de 1991, à Perth, en Australie. À une époque où le water-polo féminin était encore croissance, le Canada s'était incliné face aux Pays-Bas. Dans les années 2000, l'équipe canadienne a connu beaucoup de succès en amassant le bronze à Montréal, en 2005, et à Fukuoka, en 2001. Le succès olympique lui a cependant toujours échappé, avec une cinquième place à Sydney, en 2000, et le septième rang à Athènes, en 2004.

L'an dernier, la très jeune équipe canadienne, installée au Parc olympique de Montréal, n'a pas réussi à se qualifier pour les Jeux de Pékin, s'inclinant 5-3 contre la Grèce dans le tournoi de la dernière chance. Le programme féminin a ensuite perdu une bonne partie de son financement avant de le retrouver à la suite d'une réévaluation de fond en comble.

Les joueuses et l'entraîneur sont restés, et cette période trouble a permis de resserrer les liens. «On était vraiment déçues d'avoir raté la qualification, a rappelé la capitaine Alogbo. On aurait pu se retourner et se blâmer l'une l'autre. Mais on est restées ensemble et on n'a pas compté les heures à l'entraînement. On est faites fortes. En ce moment, on vit des émotions indescriptibles et on veut que ça continue.»