«J'espère que vous n'êtes pas l'entraîneur personnel d'Éric Lapointe, M. Kulesza?

- Non. Je lui aurais d'abord demandé de me dresser une liste de ses objectifs. Puis, j'aurais exigé qu'il mène une vie saine, sinon je n'aurais eu rien à faire avec lui. «

Dans le monde du sport canadien et québécois, nous connaissons tous André Kulesza de vue. Le monsieur est discret, il préfère rester dans l'ombre. Mais sa liste de protégés est brillante et interminable. Sylvie Fréchette, Bruny Surin, Nicolas Macrozanoris, les soeurs Villagos, Audrey Lacroix, Kasia Kulesza (sa fille, nage synchronisée) ...

Dernièrement, Kulesza a accepté de recevoir des boxeurs et pas moins de sept champions du monde et autres ont eu des rendez-vous avec lui chaque semaine au Complexe Claude-Robillard. Lucas, Grant, Bute, Dorin, Diaconu, Alcine. Ngoudjo, J.-F. Bergeron...

«Je ne voulais pas travailler en boxe avant, mais le sport est devenu tellement populaire chez nous.»

Une vieille et riche tradition

Kulesza est Polonais d'origine. Diplômé de l'Université de Varsovie, il a un doctorat en éducation physique, une maîtrise en biomécanique, des certificats de toutes sortes. Il est de la vieille et riche tradition sportive d'Europe de l'Est, du temps du «socialisme», qu'il préfère à «communisme». (Les Polonais n'ont jamais vraiment été communistes, dit-il.)

«À l'Université de Varsovie, on pouvait obtenir un doctorat en sport dès 1929! L'apprentissage du sport était obligatoire à partir de la petite école.

«Quand je suis arrivé en Amérique il y a 25 ans, je dirais que vous aviez 50 ans de retard sur l'Europe en matière de connaissances sportives. Il y a encore des entraîneurs professionnels ici, en hockey par exemple, qui n'ont aucune formation. On ne verrait jamais ça en Europe, où il y a des écoles pour les entraîneurs.

«Il n'y a pas de philosophie du sport non plus. Même pas aujourd'hui. Le sport veut qu'on forme un champion, mais que des milliers d'autres tirent profit du même entraînement. Ici, on s'occupe du meilleur, les parents injectent de l'argent et on abandonne les autres. Vous vivez dans une société de liberté. Chacun peut faire ce qu'il veut. Mais une liberté mal utilisée peut avoir des conséquences néfastes.

«J'ai été conseiller des équipes olympiques canadiennes à Los Angeles en 1984 et à Séoul en 1988. S'il y avait une épreuve de bureaucratie aux Jeux olympiques, le Canada gagnerait toutes les médailles d'or.

«Le Canada est un pays moderne, mais pas une nation. Les provinces sont divisées...»

Quand il parle d'entraînement sportif, André Kulesza peut devenir difficile à suivre. Il parle de «chaînes» ou de «ceintures» de muscles et autres bizarreries. «Un bon coup de poing ne vient pas de l'épaule ou du biceps, il vient des jambes, de cette chaîne de muscles qui part de la cheville et se rend à l'épaule... C'est une affaire de transfert de poids et d'équilibre. Et l'équilibre vient du cerveau.»

Et ainsi de suite.

Encore: «En Amérique, les entraîneurs aiment être très proches de leur protégé. Ils veulent être son ami, aller prendre une bière avec lui... Je ne fais jamais ça. Je m'assure de garder une certaine distance, sinon on perd son respect. Dans les relations avec un athlète, je dois établir une bonne communication, un respect mutuel et une confiance mutuelle.»

On pourrait écouter parler André Kulesza pendant des heures... Et puis, non. Ça nous rappellerait trop combien nous avons de chemin à parcourir avant de rejoindre certains autres pays en matière d'entraînement et, surtout, de culture sportive.

«Je suis un entraîneur indépendant aujourd'hui. Je peux me le permettre parce que j'ai une longue feuille de route.»

Vous pouvez contacter André Kulesza au andrekulesza@sympatico.ca.

Laraque

À un collègue de la télé, Georges Laraque a fait la déclaration suivante: «Je m'attends à jouer 30-31 parties en deuxième moitié de saison. Si je joue 15 parties, je ne retrouverai jamais la forme.»

Dites donc, pour un gars qui n'a encore rien, mais rien prouvé à Montréal, qui n'a été qu'une déception de blessures et de mauvaise forme, il est bien mal placé pour décider de son utilisation, non?

Mais bon.