Depuis que l'homme est homme, il se bat avec des bâtons. C'était d'abord un bout de bois. C'est devenu un gourdin, une massue, une crosse, une batte.

Au 17e siècle, la canne fait son apparition dans la bourgeoisie française. On s'en sert d'abord pour le «standing». Mais aussi, dans des cas plus extrêmes, comme arme de défense dans les rues de Paris...

Entre 1830 et 1920, c'est l'âge d'or de la canne. Bien que toujours relié à la mode, l'objet devient un art martial à part entière. On l'enseigne dans les salles d'armes, en même temps que l'escrime et la savate. C'est l'apparition des coups sabrés, des moulinets et des coups de pointe...

En 1924, la discipline est présentée comme sport de démonstration aux Jeux olympiques de Paris. L'opération promotionnelle n'ira pas plus loin et la canne tombe bientôt en désuétude. Il faudra attendre les années 80 pour assister à son renouveau.

Aujourd'hui, la canne est pratiquée de façon sérieuse dans une dizaine de pays, essentiellement en Europe (France, Allemagne, Hongrie, Hollande) mais aussi en Corée, à Madagascar et au Canada. Les techniques se sont sophistiquées, au profit d'une certaine sécurité. Plus rituelle que violente, la canne sportive est désormais régie par des règles strictes, qui n'ont plus rien à voir avec les rixes du 18e siècle.

Que reste-t-il de la canne d'antan? «Pas grand-chose, déplore André-Jacques Serei, avec un soupçon de nostalgie. Tous les mouvements de base ont été changés. Les coups de pointe et les coups de manchette ont été enlevés. On ne peut plus donner de coups directs, seulement en diagonale. Finalement, il ne reste que le moulinet.»