«Sauver l'histoire», écrivait Réjean Tremblay mercredi. Il rendait hommage aux Émile Bouchard, Elmer Lach et Jean-Pierre Roy de ce monde, à tous ces acteurs qui ont écrit des chapitres de l'histoire de leur sport et auraient tant à raconter, si seulement on le leur demandait. Mais on n'a pas cette habitude chez nous.

Les vieux, on les tasse bien avant qu'ils n'atteignent les 80 ans, les 70 ans et même les 60 ans dans certaines sphères de la société. Ce n'est pas exclusif aux artisans du monde du sport. On ne les écoute plus. «Tasse-toi, t'as eu ton temps, ce que tu as à raconter n'intéresse plus personne ou si peu. On ne vit pas dans le passé.» Pourtant, ils ne sont pas vieux. Ils sont jeunes depuis plus longtemps, c'est tout.

 

Il y a quelques rares exceptions, trop peu, hélas, et le texte de l'humble chroniqueur m'a fait penser à certaines voix légendaires des médias, d'ici et d'ailleurs, qui, à leur façon, ont marqué nos vies, nous ont accompagnés pendant des décennies.

Je pense au regretté René Lecavalier, avec qui j'ai découvert le hockey et qui a inventé le vocabulaire sportif en bon français.

À Jacques Doucet, avec qui plusieurs jeunes, aujourd'hui adultes, ont grandi en l'écoutant pendant 33 ans à la radio, même dans les régions les plus éloignées. Jacques garde contact avec le baseball grâce aux Capitales de Québec, dont il décrit les matches à la radio, mais allez savoir pourquoi les médias ne l'utilisent pas plus souvent.

Combien d'amateurs, au fil des décennies, ont apprécié le travail de Richard Garneau? À presque 80 ans maintenant, M.Garneau choisit ses collaborations, et il est difficile d'imaginer des Jeux olympiques sans l'entendre?

Ce qui m'amène à trois hommes, trois descripteurs, trois légendes membres du Panthéon du baseball, tous des Américains. Les Américains, eux, ne rangent pas leurs « vieux « sur les tablettes. Ils les respectent trop. Heureuse coïncidence, les trois ont pu renouer à l'occasion de la série entre les Dodgers et les Phillies et plusieurs quotidiens américains leur ont consacré quelques reportages.

D'abord Vin Scully, le maître des maîtres, 80 ans, la voix des Dodgers depuis 1950, LA voix du baseball. Scully décrit encore quelques matchs à la télé des Dodgers, travaille surtout à la radio, et voyage un peu moins. Il travaille seul, raconte, décrit, analyse et informe sans jamais de pause dans ses propos. Une mémoire phénoménale.

Jaime Jarrin, 82 ans, est la voix espagnole des Dodgers depuis 1959. Équatorien immigré aux États-Unis en 1955, il en savait peu sur le baseball, qu'il a appris à apprécier en écoutant Scully.

Le plus « jeune «, Harry Kalas, 72 ans, a amorcé sa carrière à Houston en 1965, avant de déménager à Philadelphie en 1971. Il accompagne encore les Phillies à l'étranger.

C'est 150 ans d'expérience et les trois seront de retour la saison prochaine, aussi passionnés. Des encyclopédies vivantes. Qui de mieux que ces acteurs-là pour se rappeler de petits et grands moments de l'histoire du baseball? Qui de mieux que les anciens pour raconter quelques épisodes des 100 ans du Canadien ? Ceux qu'ils ont eux-mêmes vécus. Si seulement on leur demandait. Il n'est pas trop tard.

 

BLOC-NOTES

- L'auditoire du match Canadien/Boston a été de 1 029 000, avec un sommet à 1 226 000 à 21h50. Tout de suite après, la conclusion du match Phillies/Dodgers a été suivie par 290 000 amateurs. À peine moins que les 295 000 pour les Alouettes, lundi, et plus que le Grand Prix du Japon avec un auditoire de 216 000, première diffusion et reprise combinées.

- Aux États-Unis, le baseball n'a pas fait le poids contre la NFL. Du 3 pour 1 dans le nombre de foyers branchés sur l'un ou l'autre.

- Fin de semaine de congé pour John Madden, un autre «vieux» très actif de 72 ans. Il ratera le match de dimanche sur NBC, une première absence depuis 1980.

- À peine 55 000 personnes ont regardé 110% mardi, soir d'élections. L'avenir de la Nation avant celui du Canadien, du moins pour un soir.

- Conséquence de la crise économique: GM n'achètera pas d'espace publicitaire durant le prochain Super Bowl. Depuis 15 ans, GM y avait investi 77,1 millions en publicité.