Jamais un club n'a réussi à conserver sa couronne européenne depuis la naissance de la Ligue des champions, et Manchester United s'attaque à son tour à ce défi surmontable malgré les velléités contraires des autres formations en lice.

La dernière fois qu'une équipe anglaise avait réussi à renouveler son hégémonie sur la scène continentale, c'était à la fin des années 70 grâce à une puissance d'autrefois nommée Nottingham Forest en Coupe d'Europe. Trente ans plus tard, que l'on accepte ou non ce constat, le championnat anglais se détache maintenant des autres espagnol, italien, français ou allemand par sa puissance financière et ses nouveaux propriétaires aux poches infiniment bien garnies.

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La preuve indéniable de cette domination: six des huit demi-finalistes des deux dernières présentations de la Ligue des champions nichaient en terre anglaise. Nul besoin donc d'une expertise en probabilités pour comprendre que le prochain club à soulever la «coupe aux grandes oreilles» - surnom donné à cause des larges anses du trophée - risque d'être un sujet de la reine Élisabeth II.

Manchester United devra contredire la logique pour soulever de nouveau la plus précieuse des coupes, puisque aucun autre club n'a réussi à aligner deux triomphes depuis que la Ligue des champions a choisi cette appellation en 1992. Le recrutement estival des «Red Devils» ne laisse cependant planer aucun doute: le manager Sir Alex Ferguson souhaite placer dans le présentoir à trophées déjà bien garni de l'équipe une autre distinction européenne avant sa retraite imminente.

Le transfert de l'attaquant bulgare Dimitar Berbatov pour la modique somme de 58 millionsde dollars reste le coup le plus fumant du marché estival pour l'effectif mancunien. Pour la première fois depuis le départ de Ruud van Nistelrooij, l'alignement compte sur un avant-centre digne de ce nom. Cette réorganisation tactique devrait libérer davantage un Wayne Rooney loin de son meilleur niveau au cours des deux dernières saisons. La réputation de paresseux traînée par Berbatov risque cependant de créer une friction sur le devant du terrain; Rooney, lui, se trouve à être le besogneux par excellence.

Si les premiers matchs de la phase de groupes ont été disputés hier, la réception à domicile de Villarreal par Manchester United aujourd'hui demeure la rencontre à ne pas manquer. Quel accueil le public du stade d'Old Trafford réservera-t-il à Cristiano Ronaldo? Le talentueux Portugais avait réussi à se faire pardonner après un geste antisportif à l'endroit de Rooney au Mondial 2006. Cette fois, le prodige a blessé le coeur même des supporteurs au fil d'une tentative avortée de transfert au Real Madrid, qu'il a qualifié au passage de «meilleur club au monde». Avec 42 buts toutes compétitions confondues en 2007-2008, Ronaldo s'est pratiquement assuré le titre de joueur de l'année FIFA remis en décembre prochain. Il devra désormais trouver le moyen - bonne chance! - d'en faire encore plus pour s'attirer la clémence de partisans reconnus pour leur rancune.

Compétition tenace

Le volte-face temporaire de Ronaldo confirme quasiment que toute l'Europe ou presque se ligue contre Manchester United dans sa tentative de rétention de titre! Sur le plan purement sportif, plusieurs autres clubs peuvent ambitionner de triompher au soir de la finale, le 27 mai. À commencer par Chelsea, finaliste malheureux au printemps dernier, qui a embauché le milieu Deco pour assouvir les énormes ambitions de son propriétaire. L'autre club anglais à surveiller, Liverpool, traverse une crise sur le plan administratif, mais son effectif formaté pour la scène européenne en fait un acteur à ne pas négliger.

Ailleurs sur le continent, l'Internazionale de José Mourinho, grâce à un recrutement de qualité (Ricardo Quaresma, Mancini et Sulley Muntari), semble le candidat italien le plus sérieux, tandis que le Real Madrid et le FC Barcelone conservent le statut de menaces espagnoles. Peu importe les tendances et les pronostics, la qualité souhaitée de cette nouvelle mouture de la Ligue des champions serait l'imprévisibilité afin de mieux nourrir le suspense.