Ronaldo, qui pourrait débuter sa saison mercredi en Ligue des Champions contre Villarreal ou face à Chelsea en championnat samedi, a beaucoup à se faire pardonner par les supporteurs de Manchester United après le feuilleton de son transfert avorté au Real Madrid.

«J'appartiens déjà à l'histoire de ce club. Quand je vais rejouer, les fans recommenceront à m'aimer», résume avec sa «modestie» coutumière le Portugais, qui revient après son opération dans la foulée de l'Euro 2008.

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Rien n'est moins sûr. Le Red News, principal fanzine de supporteurs de United, a récemment dressé un portrait au vitriol de la «prima donna de 23 ans», reléguant sa déclaration d'amour après l'échec de son départ en Espagne au rang de «grossière mascarade de relations publiques».

En début de saison, le club a jugé sage de lui demander de ne pas se montrer à Old Trafford lors de la cérémonie d'autocongratulation pour le doublé championnat-C1 dans lequel il a pourtant joué une grande part.

De manière symbolique, l'hymne «Viva Ronaldo» («Running down the wing, Hear United sing», «Il court sur l'aile, écoutez chanter United») est devenu cette saison «Viva John Terry», chant ironique pour moquer le tir au but manqué par le capitaine de Chelsea en finale de la C1 («Could have won the cup but he fucked it up», «Il pourrait avoir gagné la Coupe, mais il a tout foiré»).

«Le meilleur»

Les supporters ont du mal à avaler les déclarations du Portugais, qui s'est dit «complètement d'accord» avec Sepp Blatter quand le président de la Fifa l'a décrit comme un «esclave des temps modernes» à 150 000 euros hebdomadaires. Tout comme sa description du Real comme «le plus grand club du monde».

La chance de Ronaldo, c'est qu'il est indispensable. Le début de saison des Red Devils dément les affirmations de l'entraîneur Alex Ferguson qui, au plus fort de la saga estivale, avait affirmé que le champion d'Europe pouvait se permettre de laisser la star moisir en tribunes pour lui apprendre les bonnes manières.

La défaite contre le rival honni Liverpool samedi (1-2), la première depuis 2004, a confirmé que les Red Devils avaient du mal à entrer dans leur saison. L'absence de l'ailier n'y est pas pour rien. United n'a perdu que six de ses 41 derniers matches de championnat: quatre fois, Ronaldo était absent.

«Pour être honnête, je pense avoir été le plus constant et le meilleur» en Europe la saison passée. On peut moquer la suffisance d'un joueur gonflé de sa propre importance, dont l'objectif est «désormais de faire (son) entrée dans le dictionnaire des meilleurs joueurs de tous les temps».

On peut aussi reconnaître qu'il n'est pas loin d'avoir raison. Le Red News a d'ailleurs mis de l'eau dans son vin et choisit désormais de se faire plus paternel morigénant que précepteur fustigeant: «Il est suffisamment jeune pour être pardonné, mais assez vieux pour savoir ce qu'il fait.»

Deux ou trois exploits devraient suffire pour se remettre Old Trafford dans la poche. Même si dans les «Hourras», il y aura fatalement moins d'affection.