«À Montréal, j'étais un remplaçant. Ici, ils ont besoin de moi.» Éric Landry a beaucoup galéré entre la Ligue nationale et la Ligue américaine avant de prendre le chemin de la Suisse en 2003. L'an dernier, il a accepté l'offre du Dynamo de Moscou. Et il est loin de le regretter.

«Si on m'offrait un contrat de trois ans ici, c'est sûr que je signerais», fait savoir d'entrée de jeu l'attaquant de 33 ans.

Éric Landry a pu constater l'évolution entre la Superliga, dans laquelle évoluait le Dynamo l'an dernier, et la nouvelle Ligue continentale, qui a vu le jour à la fin de la dernière saison. «Les règles sont plus claires. Ils ont changé l'image de la ligue et les équipes sont devenues plus prestigieuses», note-il.

À son avis, les joueurs étrangers ne devraient ainsi plus avoir peur de venir jouer en Russie, un pays longtemps réputé pour l'opacité de ses transactions financières et l'implication du crime organisé dans le monde des affaires. «Tous les contrats (des joueurs) sont désormais rédigés de manière uniforme.»

Sur la glace, Éric Landry a trouvé en Russie une ligue à sa mesure. «Ici, l'équipe ne dépend pas seulement de toi, alors qu'en Suisse, oui. Ici, on se fie plus aux joueurs russes. Les étrangers, c'est un peu un luxe pour les équipes, constate-t-il. Dans la Ligue nationale, je n'avais pas de rôle en particulier. J'étais plus content de jouer que de faire la différence.»

Éric Landry n'avait amassé que 14 points en 68 matchs dans la LNH, à Calgary et à Montréal. À son avis, plusieurs joueurs qui n'arrivent pas à se tailler une place en Amérique du Nord trouveront la leur dans la KHL. «Nous étions des joueurs de premier ou deuxième trio, mais (dans la LNH) nous étions relégués au troisième ou au quatrième. Quand je jouais à Montréal, j'étais content de jouer neuf minutes par match. Ici, c'est plutôt entre 15 et 19 minutes.»

Pierre Dagenais

Un autre ancien du Canadien, Pierre Dagenais, a choisi de quitter l'Autriche pour se joindre au Traktor de Tcheliabinsk cette année. Il ne cache pas que la Russie est devenue très intéressante d'un point de vue financier. «Je gagne autant d'argent sinon plus que lorsque je jouais avec le Canadien», révèle-t-il. Pour des joueurs de son calibre, les salaires peuvent atteindre «le double, peut-être le triple» des salaires dans la LNH.

L'ailier gauche de 30 ans avait tout de même quelques appréhensions à l'idée de s'installer à Tcheliabinsk, une ville d'un million d'habitants située à 1500 kilomètres de Moscou, au pied de l'Oural. Il avait d'ailleurs décidé de venir seul le premier mois, avant de faire venir sa femme et ses deux jeunes enfants si les conditions de vie étaient assez bonnes. Aujourd'hui toutes ses craintes sont tombées.

«Je m'attendais à bien pire. Les gens me disaient de ne pas sortir, que ça pouvait être dangereux. Quand tu te promènes, les bâtiments sont assez vieux, mais à l'intérieur, c'est assez neuf», constate Pierre Dagenais, qui jouera son premier match dans la KHL ce soir, contre le Khimik de Voskressensk.

Les équipes a surveiller

La KHL compte 24 équipes, réparties en quatre divisions portant les noms d'anciennes étoiles du hockey soviétique: Bobrov, Tarassov, Kharlamov et Tchernychev.

Plusieurs équipes seront familières à ceux qui ont suivi l'évolution des Lecavalier, Jagr, Kovalev et autres dans la Superliga russe, lors du lock-out de 2004-2005 dans la LNH. Ceux qui se souviennent des neuf Super Séries entre 1976 et 1991, ces matchs hors-concours entre des équipes soviétiques et de la Ligue nationale, reconnaîtront aussi des clubs légendaires.

Trois des équipes de Moscou, le Spartak, le CSKA et le Dynamo, y ont participé à plusieurs reprises.À surveiller aussi, l'équipe d'Alexander Radulov, le Salavat Ioulaevd'Oufa, championne de la Superliga l'an dernier, et leMetallurg de Magnitogorsk, vainqueur de la Coupe des Champions d'Europe cette année.

Les yeux étrangers seront aussi tournés vers l'Avangardd'Omsk, où le capitaine Jaromir Jagr fait un retour, après y avoir joué durant le lock-out. Il sera aussi intéressant d'observer comment se débrouilleront les trois équipes non russes, le Barys d'Astana (Kazakhstan), leDynamo deMinsk et leDynamodeRiga. Ces équipes n'ont pas à respecter un quota de joueurs étrangers, contrairement aux équipes russes, qui ne peuvent mettre sous contrat plus de cinq joueurs réguliers étrangers, ou un gardien et trois réguliers. La première saison de la ligue a débuté le 2 septembre et se terminera le 26 février. Chaque équipe disputera 56matchs.

À partir du 1er mars, les 16meilleures formations participeront aux séries éliminatoires. La grande finale de la coupe Gagarine est prévue pour le 12 avril. (Cemême jour, en 1961, le cosmonaute soviétique Iouri Gagarine a fait le premier voyage habité dans l'espace.) La plupart des patinoires de la liguemesurent actuellement 61 mètres de longueur par 30 mètres de largeur, conformément aux normes de la Fédération internationale de hockey sur glace. Les autorités de la KHL veulent toutefois diminuer les surfaces glacées dès l'an prochain à 28mètres de largeur, afin d'accélérer le jeu. Les dimensions réglementaires dans la LNH sont de 61x26mètres. Les matchs de la KHL peuvent être regardés sur le site (seulement en russe) news.sportbox.ru.