Patrick Roy est de retour dans la grande famille du Canadien. Après un douleureux divorce survenu en décembre 1995, Roy et le Canadien vont réaliser l'ultime rapprochement alors que le numéro 33 de «Casseau» sera retiré le 22 novembre, à l'occasion de la visite des Bruins de Boston.

«J'ai vécu un départ difficile, a avoué Roy en parlant de ce fameux match contre les Red Wings de Detroit qui a mené à son transfert au Colorado. Mais c'est du passé. Le retrait de mon chandail est l'occasion de tourner la page. Je suis très heureux de revenir dans la famille du Canadien. Au cours d'une conversation que j'ai eue avec M. Pierre Boivin et Bob Gainey, chez moi, à Québec, je me suis rendu compte que le Canadien forme toujours une famille, qu'il y règne encore un esprit familial.»

Le 15e joueur

Roy devient le 15e joueur de l'histoire du Tricolore à voir son numéro retiré après ceux de Howie Morenz, Maurice Richard, Jean Béliveau, Henri Richard, Guy Lafleur, Doug Harvey, Jacques Plante, Dickie Moore, Yvan Cournoyer, Bernard Geoffrion, Serge Savard, Ken Dryden, Larry Robinson et Bob Gainey.

Roy a appris la bonne nouvelle il y a une semaine lors d'un appel de George Gillett et de son fils Foster. Le propriétaire du Canadien lui a alors rappelé que sa carrière avait commencé à Montréal.

«Il m'a dit que c'est ici que les gens ont appris à m'aimer, que je viens du Québec, a-t-il dit. Tout a commencé ici et c'est normal que ça se termine ici.»

La décision du Canadien ne fera pas l'unanimité chez les amateurs de hockey. D'aucuns reprochent à Roy d'avoir abandonné l'équipe en 1995. D'autres rappellent les événements survenus à Chicoutimi en mars dernier à titre d'entraîneur des Remparts de Québec.

«Mon départ a pu être perçu comme si j'abandonnais l'équipe, a-t-il dit. Mais, moi, j'avais aussi le sentiment d'être abandonné. Quant aux derniers événements, je respecte l'opinion des gens.»

Juste survivre

Roy a joué un peu plus de 10 saisons à Montréal. Il a remporté deux coupes Stanley en 1986 et 1993, deux trophées Conn Smythe en 1986 et 1993, trois trophées Vézina en 1989, 1990 et 1992, et quatre trophées Jennings en 1987, 1988, 1989 et 1992.

«A mon premier camp, j'étais seulement préoccupé à survivre, a-t-il rappelé. Par la suite, j'ai eu la chance de jouer avec de grands joueurs dont Bob Gainey et Guy Carbonneau.»

Son meilleur souvenir demeure ses premières séries en 1986. «Ce match que nous avons gagné à New York a lancé ma carrière.» C'est aussi durant ces séries qu'est née la légende de ses poteaux.

«Je ne parlais pas anglais à l'époque et notre thérapeute Gaétan Lefebvre devait agir comme interprète. À une question d'un journaliste, j'ai dit que je parlais à mes poteaux et qu'ils répondaient par «bing».»

Un autre moment qui reste dans l'imaginaire demeure ce clin d'oeil à Tomas Sandstrom lors des séries de 1993 contre les Kings de Los Angeles.

«C'était un geste anodin dont on parle encore aujourd'hui.»Roy ne sait pas encore qui va l'accompagner sur la patinoire le 22 novembre. «Si j'avais le choix, j'utiliserais toute la glace.»

On peut toutefois penser que Serge Savard, qui lui a donné l'occasion de jouer, Jacques Demers, qui a été son entraîneur, Carbonneau et Gainey feront partie des invités d'honneur.

«Il s'agira d'un grand jour pour moi», a dit Roy qui portait le chandail du Canadien pour la première fois en près de 13 ans. La soirée sera spéciale, très émouvante.»

Anneau d'honneur

Le Canadien a profité de la journée pour annoncer qu'il honorera les 44 joueurs intronisés au Panthéon du hockey, de même que les 10 bâtisseurs avec la création d'un «anneau d'honneur». Cet anneau ceinturera l'intérieur du Centre Bell et affichera la photo, le nom et le numéro du joueur.