Le retour annoncé du roi Armstrong a retenti comme un coup de tonnerre sur la Vuelta, suscitant commentaires polis de coureurs et un certain embarras dans l'équipe Astana, qui, entre l'Américain et Alberto Contador, se retrouve virtuellement avec deux leaders sur les bras.

Un casse-tête se profile pour le directeur d'Astana, le Belge Johan Bruyneel, ex-directeur des équipes du septuple vainqueur américain du Tour de France (US Postal et Discovery Channel), qui s'est trouvé depuis en Contador, vainqueur du Tour 2007 et du Giro 2008, un nouveau champion de premier plan.

«J'ai parlé avec Contador, qui est le meilleur, et je lui ai commenté l'annonce du retour de Lance Armstrong», a-t-il expliqué mercredi à Calahorra (nord), sur la ligne de départ de la 11e étape d'un Tour d'Espagne 2008, où l'Espagnol rêve d'inscrire son nom à l'Olympe des rares coureurs ayant accroché les trois grands tours à leur palmarès.

«Alberto a toute notre confiance et quant à Lance, tout reste à voir», a-t-il souligné ménageant son poulain tout en revendiquant un droit de préemption sur son vieux complice Armstrong, qui a confirmé mardi soir son intention de briguer l'an prochain un 8e Tour de France.

«Hier, j'ai parlé avec lui et il n'a encore rien décidé», a ajouté Bruyneel. «Il veut courir gratis, sans argent, et il n'aura pas de problèmes pour trouver une équipe, mais notre relation est claire: je ne pourrai pas permettre qu'il aille dans une autre équipe» qu'Astana.

«Des complications»

Contador (3e de la Vuelta) a fait bonne figure mercredi: «C'est une bonne nouvelle pour le cyclisme car elle va susciter beaucoup d'intérêt, et à Astana, nous serions ravis de l'accueillir à bras ouverts».

Mais il n'a pas exclu un choc d'ambitions. «Si nous voulons tous les deux gagner le tour, alors oui, il pourrait y avoir des complications», a-t-il averti, ajoutant que «si c'était le cas, il faudrait tenir compte de plusieurs facteurs».

Notamment de la forme d'Armstrong? «C'est une inconnue, non seulement en raison de l'âge (37 ans) mais des années qu'il a passées sans compétition (trois)», a reconnu Bruyneel. «Je sais qu'il a couru, qu'il a fait beaucoup de vélo en dehors du monde professionnel, mais il faut voir la réalité»...

Autre champion espagnol, Alejandro Valverde (4e au classement général de la Vuelta), estime qu'il «sera difficile qu'il gagne à nouveau le Tour, mais avec lui et Contador, Astana serait une super équipe».

Pas forcément ravi de voir revenir un tel ogre de victoires, Valverde, n'a pas caché sa surprise. «En tant que cycliste, je ne le comprends pas, mais chacun fait ce qu'il veut. Cela me paraît surprenant, après avoir laissé le vélo et surtout après avoir gagné sept tours. Mais s'il se sent en conditions et qu'il n'a pas perdu la ligne, qu'il soit le bienvenu», a-t-il commenté.

«J'imagine qu'il aura pesé le pour et le contre et qu'il a décidé que cela l'intéressait de revenir sur le Tour. Si c'est ainsi, cela me semble bien», a réagi Carlos Sastre, vainqueur de la dernière édition 2008.

«Pour le moment, je ne me pose pas la question de savoir s'il peut être un rival. C'est une question que je me poserai l'an prochain et cela dépendra de la façon dont se présente la saison», a ajouté Sastre (5e de la Vuelta).