Commençons cette nouvelle saison de football américain par une petite question, simple mais brûlante d'actualité: aimeriez-vous être Brett Favre aujourd'hui? Encore plus simple: aimeriez-vous être Aaron Rodgers?

Dans les deux cas, le premier réflexe est de répondre par un gros oui. Et pourquoi pas? La vie d'un quart dans la NFL, ça doit être magnifique. Les limos, les femmes qui font la file devant votre porte de garage (double), les soirées mondaines, tout ce fric qui vous sort par les oreilles. Au resto, plus besoin de se retenir. Oui garçon, je vais prendre la sauce aux ananas pour 2$ de plus

Ça semble fabuleux, n'est-ce pas? Mais parfois, ce n'est peut-être pas si fabuleux que ça.

Les cas Favre et Rodgers en sont une belle preuve. Voici deux joueurs qui vont passer la saison avec tous les réflecteurs braqués sur eux. De la pression, ces gars-là vont en avoir sans arrêt jusqu'en décembre. Favre doit transformer les Jets de New York (4-12 la saison dernière) en équipe gagnante. Rodgers doit chausser les crampons de Brett-la-légende à Green Bay, là où les gens dépriment si l'équipe n'atteint pas au moins la finale de conférence.

Pour Favre, tout va très bien pour le moment. À New York, on ne jure que par lui. Sa face à la barbe grisonnante est partout. En plus, il fait des efforts, le grand Brett. Jeudi matin, je l'ai même surpris en grande discussion avec le receveur Laveranues Coles dans le vestiaire des Jets. Coles, c'est le gars qui avait fait la gueule quand Favre a été acquis des Packers; ça signifiait la fin pour son pote Chad Pennington, depuis exilé à Miami. Mais Favre lui parle. Et il parle aussi au gars de l'équipement, si vous voulez savoir. Aucun doute, ce Brett est un vrai.

Mais ce Brett devra faire des miracles. Les fans et les médias s'attendent à une saison de 10 victoires et une place en séries. Rien de moins. Le défi de Brett, il est là: survivre à sa propre légende, et transformer une équipe médiocre en équipe compétitive.

Sinon? Sinon, ça va se mettre à huer assez vite. Un peu comme chez nous quand Alex Tanguay en sera à son deuxième match sans marquer.

En ce qui concerne Aaron Rodgers, le défi est tout aussi énorme, sinon plus. Les Packers de Brett ont conclu la saison 2007 avec une fiche de 13-3. La barre est haute, et si jamais les Packers ratent les séries, devinez un peu qui va recevoir toutes ces canettes de bière vides sur la tête? En plein ça.

Rodgers doit succéder à une légende. Gros contrat. Dans l'histoire de la NFL, ceux qui ont suivi les légendes se sont souvent cassé les dents. La seule exception, c'est probablement Steve Young, qui a remplacé Joe Montana pour ensuite mener les 49ers au Super Bowl.

Le jeune Rodgers doit donc prendre la place du grand Brett et mener l'équipe au sommet. Ce ne sera pas de la tarte, mais il faut croire que les dirigeants des Packers savent ce qu'ils font; ils n'ont embauché aucun quart d'expérience derrière Rodgers. À Green Bay, les quarts substituts se nomment Matt Flynn et Brian Brohm, deux vertes recrues. Ouf

Pour Rodgers, le premier test va arriver assez vite. Lundi soir, les Vikings sont en ville. Ces Vikings à qui les experts prédisent une belle saison, surtout depuis l'embauche de l'ailier défensif vedette Jared Allen, un monstre dont la principale force est de pourchasser le quart adverse pendant 60 minutes.

Aucun doute, il ne faudra pas rater ce match-là. Probablement que Brett Favre ne voudra pas le rater lui non plus.