Il a remporté 30 matchs à chacune des trois dernières saisons sans jamais en disputer plus de 60. Sa moyenne de buts accordés et son taux d'arrêts n'ont jamais cessé de s'améliorer depuis le lock-out. Il a atteint la finale de la Coupe Stanley deux fois à ses quatre dernières participations en séries éliminatoires.

C'est Dan Rosen qui rappelait hier, sur le site NHL.com, ces faits parfois occultés à propos du Québécois Jean-Sébastien Giguère, qu'il place d'emblée dans son top cinq des gardiens de l'Association de l'Ouest avec Roberto Luongo, Chris Osgood, Evgeny Nabokov et Marty Turco.

Il fait bon de voir Rosen rappeler les accomplissements de cet ancien des Mooseheads d'Halifax. Giguère, 31 ans, ne semble pas toujours recevoir le crédit qu'il mérite. On l'a accusé de porter un équipement trop imposant. D'autres aussi attribuent d'abord ses belles performances à la présence d'une défense de premier plan devant lui.

Ce qu'il a réalisé l'an dernier avec les Ducks est pourtant exceptionnel. L'été a été court en raison de la conquête de la Coupe Stanley, Niedermayer et Selanne n'ont pas répondu à l'appel avant les Fêtes et la saison a commencé avec un éreintant voyage en Europe. Malgré tout, Giguère a su conserver une fiche de 35-17-10, une moyenne étincelante de 2,12, sa meilleure en carrière, et un taux d'arrêts de .922, un autre sommet en carrière.

Les directeurs généraux de la LNH ont reconnu son travail puisque Giguère a terminé quatrième au scrutin pour l'obtention du trophée Vézina derrière Brodeur, Nabokov et Lundqvist. Huit DG lui ont accordé un vote de troisième place et un autre lui a donné la deuxième place.

Giguère était de nouveau à l'aréna de Rosemère hier, où il s'entraîne depuis déjà un bon moment sur la patinoire secondaire en compagnie de son maître François Allaire.

«C'est sûr que la préparation est différente cet été, a-t-il confié hier matin entre son entraînement en gymnase et sa session sur la glace. L'été dernier, je suis entré immédiatement dans la troisième de mes quatre phases d'entraînement. C'est toujours dur de rater les premières, qui sont ta fondation. Mais heureusement à mon âge, à 30 ans, je m'étais déjà bâti une base solide au fil des années. La défense m'a aussi beaucoup aidé car on n'a pas donné beaucoup de buts. L'entraîneur Randy Carlyle aussi. Il a fait un bon travail pour me garder reposé en faisant jouer le gardien adjoint assez souvent. J'ai eu en masse de repos pendant la saison. Je n'avais aucune raison d'être fatigué.»

Une année importante s'amorce sous peu pour Giguère et ses coéquipiers des Ducks, après une amère défaite aux mains des Stars de Dallas en première ronde des séries le printemps dernier. Quatorze joueurs sont admissibles à l'autonomie complète, dont Scott Niedermayer, François Beauchemin, Mathieu Schneider (s'il est encore là), Rob Niedermayer et Samuel Pahlsson. Même le DG Brian Burke pourrait quitter son poste!

«C'est la dernière saison avec le noyau actuel. Après, il y a peut-être des gars qui vont prendre leur retraite. Il y en a d'autres qui n'auront plus de contrat. Notre équipe risque de passablement changer après cette saison. Avec l'équipe qu'on possède, avec Pronger et Niedermayer, deux des meilleurs de la Ligue nationale, il faut que tu en tires profit. C'est à nous de saisir notre chance. On a l'équipe, le caractère et l'expérience pour aller jusqu'au bout. On n'a aucune excuse. On a eu du temps pour se préparer, on devrait être prêt dès le départ.»

Malgré tout ce qu'on a pu dire sur les difficultés des Ducks l'hiver dernier, cette formation a tout de même amassé 102 points, soit autant que les Penguins de Pittsburgh et seulement deux de moins que le Canadien, deux clubs envers lesquels les attentes n'étaient pas aussi élevées.

Giguère a été aidé par une défense qui a accordé seulement 191 buts, dont 100 à cinq contre cinq, un sommet dans la Ligue, mais le gardien n'a guère été appuyé par l'attaque, qui a marqué en moyenne 2,5 buts par rencontre, le pire rendement de la Ligue après les Blue Jackets de Columbus et les Islanders de New York.

Les jeunes Ryan Getzlaf et Corey Perry, qui viennent de connaître une belle saison, constituent des valeurs sûres. Le retour de Selanne n'est pas encore confirmé. L'ancien centre des Canucks, Brendan Morrison, a été amené en renfort, mais ses dernières saisons n'ont pas été épatantes.

Un jeune comme l'ailier Bobby Ryan, repêché deuxième au total derrière Sidney Crosby en 2005, pourrait faire une différence à ce chapitre. «C'est une saison importante pour lui. Ça va être sa chance, probablement sa dernière avec les Ducks, alors il doit la saisir. Il a une vision du jeu exceptionnelle. Tu n'es pas repêché deuxième au total si tu n'es pas un joueur exceptionnel. Il devait prendre de la maturité dans les mineures et d'après moi, il est prêt.»

Les Ducks seront encore à surveiller cette saison.