«Je pense que le contenant va être adéquat. Gerry Frappier et les gens de CTV s'y sont engagés. Il reste à s'assurer que le contenu soit à la hauteur. On va suivre ça de très près»

L'homme qui parle est Jacques Gauthier. Homme d'affaires et surtout membre du conseil d'administration du comité organisateur des Jeux olympiques de Vancouver. Que le milieu appelle COVAN. C'est lui qui est de facto l'administrateur de COVAN responsable de la télévision francophone aux Jeux de Vancouver de 2010 et responsable de la place de la francophonie aux Jeux.

M. Gauthier a consacré temps et énergies au cours des 18 derniers mois à résoudre la quadrature du cercle. Comment des Jeux olympiques achetés par CTV et Bell, uniquement préoccupés il y a 18 mois par la clientèle anglophone du pays, pourront-ils être présentés à tous les citoyens francophones du pays? Alors que TQS n'a pas d'antenne en dehors du Québec et n'a plus de service d'informations et que RDS est une télé payante limitée au câble et aux satellites?

«Il fallait d'abord régler le contenant. C'est-à-dire avoir la garantie que tout Canadien de langue française pourrait regarder les Jeux olympiques dans sa langue à travers tout le pays. J'ai eu l'assurance de CTV que tous les efforts seraient déployés pour rendre accessible le signal de RDS partout au Canada. Pour l'instant, on estime que seulement 9000 foyers ne seront pas servis», dit Gauthier.

«Seulement» Rappelons tout de même que 9000 foyers, c'est la ville d'Alma qui serait privée des Jeux en français.

Il a fallu parcourir un long chemin pour faire prendre conscience qu'un peuple fondateur était en train d'être oublié dans les jeux financiers de CTV, qui a payé153 millions pour les Jeux. C'est 63 millions de plus que CBC et Radio-Canada. Gauthier, déjà très inquiet il y a 18 mois, n'a eu de cesse de faire valoir les exigences de COVAN. Personne dans le comité organisateur et chez les dirigeants conservateurs du pays n'avait le goût de subir une tempête politique: «Ç'a été l'enjeu de la dernière année. Beaucoup de tractations avec CTV. Finalement, j'ai été rassuré quand Gerry Frappier a été nommé chef de mission pour la télé française à Vancouver. Il dirigera une équipe francophone qui sera autonome. Il s'est engagé auprès de COVAN à fournir une couverture aussi importante en français qu'en anglais. Je pense qu'on a un contenant», dit Gauthier.

Mais le contenu? Est-ce que c'est Jean-Paul Chartrand père qui va décrire la cérémonie d'ouverture? Et est-ce que c'est Stéphane Leroux qui va préparer les reportages sur la diversité culturelle du Canada?

«On a encore plus d'un an pour s'assurer que le contenu sera à la hauteur. On veut une télévision francophone qui va nous présenter les athlètes, qui va nous faire connaître le pays dans son entier, dans sa diversité, dans sa culture, dans ses gens. C'est très important que les Canadiens soient informés longtemps à l'avance. Il faut absolument que RDS et TQS mettent la table, préparent les Jeux. Et tout ça doit se faire de concert avec les différentes associations francophones du pays qui oeuvrent à préparer des activités pré-olympiques», explique M. Gauthier.

Juste pour mettre un bémol qui s'impose, à TQS, rien n'indique qu'on ait la moindre idée de ce qui va se passer aux Jeux de Vancouver. Mais Louis Trépanier, vice-président à la programmation, est convaincu que son réseau pourra présenter la cérémonie d'ouverture en haute définition. Va falloir que les techniciens travaillent fort.

Le travail de sensibilisation a été éreintant. Il fallait d'abord que COVAN réalise qu'il y avait deux peuples fondateurs et deux langues officielles dans son pays. Puis, selon mes informations, des hommes comme Graham Frazer, commissaire aux langues officielles, et Michael Fortier, ministre dans le gouvernement Harper, ont beaucoup aidé dans le processus: «On a établi une solide collaboration avec Gerry Frappier, COVAN, les fédérations francophones du pays et moi. Faut qu'on s'en occupe. C'est tellement valorisant de réaliser toute cette fierté des francophones hors Québec qui se battent pour défendre et parler leur langue. On ne peut pas les laisser tomber. J'en ai fait un engagement personnel». dit Jacques Gauthier.

M. Gauthier tient également à souligner le support moral important (ce sont ses mots) d'Hubert Lacroix, président de Radio-Canada: «Jamais il a refusé de tendre la main. C'est un fait qui l'honore», dit-il.

Hubert Lacroix a fourni de nombreux éléments d'informations à COVAN afin d'aider Gauthier et les autres membres du comité à préciser leurs exigences pour bien servir les francophones du pays. Mais M. Lacroix a dû jouer des parties de bras de fer avec CTV pour remettre le réseau «canadian» à sa place. La solution la plus facile et la plus rentable pour CTV était d'obtenir que Radio-Canada prête son antenne hors Québec pour diffuser le signal de RDS et de TQS aux Canadiens de langue française: «Il n'en était pas question. Radio-Canada était prête à être partenaire ou coproducteur pour s'assurer que la qualité du contenu diffusé sur ses ondes était d'une qualité respectant ses normes. Mais jamais nous n'accepterons d'être des locateurs d'antenne. Ce n'est pas dans notre mandat», a dit M. Lacroix.

On peut émettre des critiques sur le travail de Radio-Canada lors des Jeux de Pékin mais dans son ensemble, les journalistes et commentateurs ont accompli un formidable travail pour faire revivre la Chine dans le salon des Québécois et des francophones du Canada. Tout y était, de Céline Galipeau à Infoman.

Gerry Frappier, président de RDS, a un défi colossal à relever.

Et à vrai dire, c'est quand il ne répond pas à une question que Jacques Gauthier confirme qu'il reste lui-même à être convaincu sur de nombreux points.

Le contenu. Ça sera quoi, le contenu? Et comment TQS va-t-il s'y prendre pour desservir les Canadiens du reste du pays?

Dans le calepin

Il reste à Mario Cecchini, président de Corus pour le Québec, à donner son accord, mais Ron Fournier devrait se retrouver à 110% à 10h45 pour le dernier quart d'heure de l'émission. Ronron va relancer les débats en direct de son studio à CKAC avec une caméra en duplex. Les auditeurs de CKAC vont avoir droit aux débats en direct pendant le quart d'heure. Si ça marche, ça devrait être le fun