Après une première semaine de mise en jambes, le Tour d'Espagne cycliste entre samedi dans le vif du sujet, avec le début de la grande explication sur les cimes pyrénéennes entre ses trois grands favoris espagnols: Alberto Contador, Alejandro Valverde et Carlos Sastre.

Le petit poucet français Sylvain Chavanel (Cofidis) aura bien fait de savourer vendredi, journée de repos, son maillot de leader endossé jeudi à Tolède. Car il risque bien de se faire dévorer tout cru par les ogres espagnols dès samedi dans l'ascension vers Andorre.

Chavanel a promis de «tout faire» pour conserver, ne serait-ce que de «quelques secondes» un fragile maillot or, qu'aucun Français n'avait plus revêtu dans la Vuelta depuis Jackie Durand en 1999 -et non Laurent Jalabert, comme il le croyait tout à sa joie sur le pic de Tolède-.

Il va souffrir samedi lors de la 7e étape, la plus longue et le premier grand rendez-vous de cette édition: 224 km entre Barbastro et Andorre (nord), cinq cols au menu, dont une arrivée hors catégorie à 2.050 m. Avec nuages et pluie aux prévisions météo pour corser l'addition.

Qui prendra samedi l'ascendant psychologique ou une sérieuse option pour la victoire finale ? Contador, qui rêve de devenir le premier Espagnol de l'histoire à accrocher à son palmarès le triplé Tour de France-Giro-Vuelta ? Sastre, dernier vainqueur de la Grande Boucle ? ou Valverde, toujours en quête d'un premier grand tour ?

C'est le débat qui résume la course, tant la victoire semble promise à l'un des trois, en l'absence de l'Australien Cadel Evans, 2e du dernier Tour de France, ou du Russe Denis Menchov, vainqueur de la Vuelta l'an dernier.

Contador «sur son terrain, la montagne»

Valverde s'en est le mieux tiré jusqu'à présent. Vainqueur de la 2e étape, il a limité la casse dans le contre-la-montre face à Contador et pointe à la 3e place au classement général à seulement 26 secondes de Chavanel.

Le Murcien a bien tiré son épingle du jeu des bonifications. Il devance Contador d'une trentaine de seconde et Sastre de plus d'une minute. Mais il n'est pas à l'abri d'une défaillance en haute montagne, comme il l'a montré dans les Pyrénées au dernier Tour de France.

Federico Bahamontes, vainqueur du Tour de France en 1959, n'en fait d'ailleurs pas son favori. «Ce qu'il ne faut pas faire, c'est ce que fait Valverde, qui veut gagner des étapes, le maillot vert, tout. Si tu veux gagner la Vuelta, tu ne peux pas gaspiller tes forces au début, car ensuite tout se paye», a commenté l'ancien grimpeur espagnol.

Pour lui, Sastre court plus intelligemment: «Comme au Tour, il garde ses forces et attend sa chance». Tandis que Contador «est un grand grimpeur entouré d'une grande équipe, le plus sérieux prétendant».

C'est aussi l'avis du patron d'Astana, Johan Bruyneel, qui rappelle dans une interview au journal Marca que son champion est le plus frais des trois, pour avoir été privé du Tour de France. Bruyneel en est convaincu: Contador «marquera la différence sur son terrain, la montagne».