J'étais curieux de rencontrer Jason Pominville à Rosemère, mercredi matin. Pas nécessairement parce qu'il a atteint l'hiver dernier un sommet personnel de 80 points, trois de moins que Marian Gaborik au 12e rang des compteurs de la LNH. Pas nécessairement parce qu'il a été finaliste au trophée Lady-Bing remis au gentilhomme par excellence.

Pas nécessairement non plus parce que son équipe, les Sabres de Buffalo, s'apprête à lui faire signer un contrat à long terme d'au moins cinq ans pour un salaire annuel avoisinant les cinq, six millions.

Surtout parce qu'on m'avait dit que, malgré cette saison qui venait de l'auréoler de gloire, le jeune homme de 25 ans a eu l'audace d'embaucher pour la première fois de sa carrière un entraîneur personnel et qu'il se soumettait à un entraînement innovateur.

Alors que d'autres s'assoient sur leurs lauriers après une bonne année, lui, au contraire, a décidé de redoubler d'ardeur à l'entraînement.

J'étais curieux de rencontrer cette bête d'entraînement, ce monstre de discipline mais surtout, un fichu bon gars, me répétait-on.

«Il est l'un des seuls athlètes dont je m'occupe que tu dois arrêter, a dit cette semaine son entraîneur personnel, François Landreville. Il voulait commencer l'entraînement immédiatement après les Championnats du monde au printemps, mais je lui ai dit qu'il avait besoin d'une bonne période de repos...»

La première poignée de mains, les premiers échanges me confirment ce que tous disent de lui: un jeune homme plein d'entregent, allumé, sympathique, attachant. Il peut bien avoir été nommé capitaine par alternance chez les Sabres à seulement 24 ans.

Son t-shirt permet de voir des épaules musclées, bien sculptées, un bon cou, mais Pominville n'a pas les biceps d'un culturiste. C'est un attaquant reconnu pour ses habiletés avec la rondelle, sa vitesse de réaction, sa rapidité, sa combativité.

Avec Landreville, qui entraînait entre autres les Tchèques Havlat, Michalek, Elias et compagnie à Brébeuf, ces derniers étés, il travaille justement à exploiter encore davantage ses atouts.

«Mon poids est resté le même. Je n'ai jamais été un gros gars, je ne veux pas l'être non plus. Juste pour dire comment ça a changé l'entraînement des joueurs de hockey, avant, on faisait du bench press. Je n'en ai pas fait une fois de l'été.»

Mais des exercices pour développer la puissance de ses jambes, il en a fait. Et beaucoup. Deux fois par semaine sur une patinoire de Repentigny, où il a grandi, et toujours dès l'aube. Le gymnase par la suite pour une autre heure d'exercices. Puis il fait des exercices pour le cardio, soit du vélo ou des sprints. L'après-midi, souvent, il travaille à manier des balles dans son garage pour améliorer son maniement de rondelles.

«Je n'avais jamais vraiment fait de power skating. J'ai fait cet été des exercices que je n'avais jamais faits et j'ai été étonné des résultats. J'ai réalisé au fil des entraînements à quel point tes jambes, c'est un ressort. J'ai beaucoup appris. Il faut toujours trouver des façons de s'améliorer.»

Cet ancien attaquant des Cataractes de Shawinigan s'attend à signer un nouveau contrat avec les Sabres sous peu. Dire qu'il avait déjà été soumis au ballottage sans être réclamé.

«Je ne sais pas encore combien d'années exactement mais dans nos discussions, il n'a jamais été question d'une durée de moins de cinq ans. C'est sûr que le fait que Ryan Miller ait signé un contrat de cinq ans m'encourage à rester. Ryan, c'est notre meilleur joueur et une équipe, ça commence devant le filet. Ils ont mis sous contrat Ryan, Vanek, Derek Roy, Gaustad. S'ils me font signer un contrat, le noyau de gars qui étaient à Rochester, qui ont grandi ensemble, nous serons tous là. Ça pourrait en convaincre d'autres de venir à Buffalo.»

Je suis demeuré un certain moment à l'aréna de Rosemère après l'entrevue. Il y avait entre autres Lapierre, Dandenault, Bouillon et quelques solides joueurs des ligues mineures professionnelles. Bien sûr qu'on ne peut pas évaluer le talent d'un joueur dans un pick-up comme celui-là. Le talent de Pominville crevait néanmoins les yeux. Une fois, il a décoché un tir d'une puissance inouïe contre lequel le gardien Pascal Leclaire, des Blue Jackets de Columbus, n'a rien pu faire. La rondelle a frappé le cordage dans la partie supérieure avant de ressortir aussi vite qu'elle était entrée.

Le jeu correspondait exactement à la description que l'excellente publication McKeen's Hockey fait de lui: «Il possède le talent pour dénicher les espaces libres sur la glace et utiliser un tir frappé redoutable qu'il décoche à la vitesse de l'éclair.»

McKeen's parle aussi de ses mains souples et agiles, de sa dureté et de sa ténacité étonnantes dans la circulation lourde, de sa capacité à exceller sous pression, de son abnégation et son esprit d'équipe.

Jason Pominville est probablement le secret le mieux gardé de la LNH à l'heure actuelle...