La Française Anne-Caroline Chausson, légende en vélo de montagne, et le jeune Letton Maris Strombergs ont ouvert vendredi le palmarès olympique du BMX, une nouvelle discipline olympique qui a échappé à ses créateurs américains.

Mike Day et Donny Robinson, les deux Californiens, ont dû se contenter respectivement de l'argent et du bronze dans la course messieurs dominée nettement par Strombergs, champion du monde en titre depuis son succès de mai dernier à Taiyuan (Chine).

Le Balte, âgé de 21 ans, a donné à son pays le deuxième titre olympique de son histoire depuis l'indépendance acquise au début des années 1990.

Anne-Caroline Chausson, seule sportive française médaillée d'or à Pékin, a décroché la cinquième médaille d'or française en Chine.

Une autre Française, la jeune Laetitia Le Corguillé (22 ans), a complété ce succès en prenant la médaille d'argent, suite à la chute de la favorite, la Britannique Shanaze Reade, dans le dernier virage.

Préretraitée voici deux ans encore, après avoir tout gagné en descente, Chausson a atteint son grand objectif à l'âge de 30 ans. En revenant dans le sport de ses débuts qu'elle avait laissé depuis l'âge de 13 ans.

«On apprend dans la douleur»

Déjà à terre une première fois en demi-finale, Reade (19 ans) a payé sa fébrilité et le coaching déstabilisant décidé par l'entraîneur français Fabrice Vettoretti.

«On sait qu'elle est plus forte physiquement mais elle fait d'énormes erreurs techniques, a expliqué l'entraîneur. Ses stratégies de course sont toujours les mêmes, nous empêcher d'accélérer. Le fait qu'on ait choisi de s'étaler sur la grille l'a perturbée».

Dans le premier virage, Chausson est passée devant Reade, partie plus vite.

«Laetitia (Le Corguillé) m'a montré la trajectoire. C'est comme ça qu'elle avait passé Shanaze dans la deuxième demi-finale», a raconté ensuite la nouvelle championne olympique.

Dans une manoeuvre désespérée à la sortie du troisième et dernier virage, la Britannique a tenté ensuite de forcer le destin en touchant la roue de la Française. Mais c'est elle qui s'est retrouvée à terre et a perdu la deuxième place.

«On ne s'entraîne pas autant que je l'ai fait uniquement pour la médaille d'argent. C'est l'or qui compte», a estimé la Britannique, touchée à une main. «On dit parfois que l'on apprend dans la douleur, c'est ce qui s'est passé aujourd'hui».

«Je me sers des éléments perturbateurs»

L'Américaine Jill Kintner (26 ans) a complété le podium devant la Néo-Zélandaise Sarah Walker (20 ans) pour cette première spectaculaire.

«Le BMX ouvre la porte des JO à une nouvelle tranche d'âge, a estimé l'Américaine. Maintenant, un gamin peut regarder le BMX et se dire qu'il peut espérer participer un jour aux JO, dans le sport qu'il adore».

Chausson, championne hors pair, a donné l'exemple, au lendemain d'une journée qui avait failli lui valoir déjà l'or. En Coupe du monde, les meilleurs temps de la compétition font en effet référence lorsque la pluie interdit la tenue de la course.

«Il y a toujours un mal pour un bien, a commenté la Française. Par mon éducation, j'ai appris que rien n'était facile. Je me sers des éléments perturbateurs pour me renforcer. Quand il pleuvait hier (jeudi), je me suis dit: +J'attends la médaille+. Puis, ils ont changé le programme. Pour le sport, c'était mieux comme ça».

«Mes amis m'ont encouragé, m'ont dit que la médaille, à la régulière, sera d'autant plus belle», a-t-elle ajouté en reconnaissant: «C'est vrai que c'est encore meilleur quand c'est difficile.»