Pour la première fois depuis huit ans, l'Ukrainien Vladimir Klitschko va combattre samedi devant «son» public de Hambourg, la ville du nord de l'Allemagne d'où les frères Klitschko sont partis en 1996 à l'assaut des sommets de la boxe mondiale.

«Le héros rentre à la maison»: sur leurs affiches, les promoteurs du combat entre Klitschko et l'Américain Tony Thompson ne lésinent pas sur le symbole.

Le cadet des frères Klitschko, qui partagent son temps entre Hambourg, Kiev et les États-Unis, en rajoutent volontiers une couche à la moindre occasion.

«L'Allemagne a fait de nous ses fils adoptifs, Hambourg est la ville que je considère depuis douze ans comme ma ville, pas seulement parce que j'y passe quatre mois par an, mais aussi parce qu'à chaque fois que j'y reviens, j'ai le sentiment d'être à la maison», écrit Vladimir, 32 ans, dans une chronique pour le quotidien local.

Pour ces retrouvailles, le roi des lourds qui ne remet en jeu contre le modeste Thompson que sa ceinture WBO -il détient aussi le titre IBF et IBO- sera accueilli par 10 000 personnes dont un parterre de VIP, dans l'ultra-moderne Color Line Arena.

Une enceinte et une atmosphère bien différentes de la salle de boxe de Wandsbek, dans la banlieue d'Hambourg.

Médaille d'or

C'est là que les Klitschko ont commencé leur collaboration juste après la médaille d'or remportée par Vladimir aux JO d'Atlanta, avec Klaus-Peter Kohl, le tout-puissant promoteur allemand et patron d'Universum.

C'est là qu'ils ont rencontré l'entraîneur qui les a conduits à leurs plus grands succès, Fritz Sdunek: «La première fois qu'on est venu à l'entraînement, on est arrivé avec une heure et demi de retard et Fritz nous a bien sûr immédiatement engueulés», plaisantait cette semaine Vladimir, dont le palmarès affiche 50 victoires, dont 44 par KO, pour trois défaites.

Passés des premiers moments délicats («Tout était nouveau pour nous, on ne comprenait rien»), les Klitschko ont rapidement pris leurs marques.

Après ses débuts chez les pros contre le Mexicain Fabian Meza en novembre 1996, Vladimir enchaîne les combats, à raison d'un par mois, et les victoires, hormis une cuisante défaite à... Kiev en décembre 1998 contre l'obscur Ross Puritty.

Gendres idéaux

Il remporte le titre WBO à Cologne en octobre 2000 face à l'Américain Chris Byrd qui avait infligé six mois plus tôt sa première défaite à son ainé, Vitali.

Leurs succès, leur image de gendres idéaux maîtrisant parfaitement l'allemand et docteurs en philosophie, font des Klitschko des stars de la télévision et de la publicité en Allemagne, que même les échecs répétés de Vladimir entre 2003 et 2004 ou la fin acrimonieuse de leur contrat avec Universum -ils ont depuis leur propre société, K2, basée à Hambourg- ne vient remettre en cause.

Surtout qu'après Vitali, champion WBC pour quelques mois en 2004 avant de raccrocher après une grave blessure à un genou à l'entraînement, c'est Vladimir qui devient l'incontestable roi des lourds.

Mais après avoir tenté, en vain, de séduire les États-Unis, déçus par la victoire sans éclats de Vladimir contre le Russe Sultan Ibragimov au Madison Square Garden en février, les Klitschko semblent vouloir se concentrer à nouveau sur leur pays d'adoption.

Vitali, 37 ans, pourrait même, après un nouvel échec pour conquérir la mairie de Kiev, faire son grand retour sur les rings prochainement à Berlin.