L'Espagnol Rafael Nadal a remporté Wimbledon pour la première fois de sa carrière en battant le Suisse Roger Federer en cinq sets 6-4, 6-4, 6-7 (5/7), 6-7 (8/10), 9-7 dimanche au terme d'une finale de légende.

C'est la première fois que le Majorquin, quatre fois titré à Roland-Garros, s'impose dans un tournoi majeur en dehors de la terre battue. Il est le premier à réussir le doublé Roland-Garros/Wimbledon depuis Bjorn Borg en 1980.

«C'est impossible d'expliquer ce que j'ai ressenti sur la balle de match. C'est mon tournoi préféré. C'est un rêve», a dit le vainqueur en recevant le trophée.

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Federer avait remporté les cinq précédentes éditions, dont les deux dernières en finale contre Nadal. Il était invaincu sur gazon depuis 2002, soit 65 victoires d'affilée.

La finale a été la plus longue de l'histoire de Wimbledon (4h 48 min) et l'une des plus extraordinaires, tant par le niveau du jeu pratiqué que par les rebondissements.

«C'est toujours dur de jouer contre Roger, le meilleur joueur de l'histoire. Le battre ici après cinq participations, deux finales accrochées...», a dit l'Espagnol, submergé par l'émotion.

Le Majorquin, qui mène désormais 12 à 6 dans ses duels avec le Suisse (4 à 2 dans des finales de Grand Chelem), a appliqué exactement la même tactique que lors de ses victoires sur terre battue.

Il a pilonné le revers de Federer avec son grand coup droit. Le N.1 mondial a d'abord commis trop de fautes en tentant de prendre l'initiative du fond du court.

Échanges monumentaux

Mais le Suisse a retrouvé son jeu après une interruption de plus d'une heure par la pluie au troisième set, alors qu'il menait 5-4, Nadal devant servir.

Les deux sets suivants ont été extraordinairement acharnés, avec des échanges monumentaux de part et d'autre. Le Suisse a sauvé deux balles de matches dans le tie-break de la quatrième manche, dont l'un sur un admirable passing shot de revers.

Le Majorquin a repris le dessus dans le dernier set et a fini par réussir le break décisif à 7-7. Il a conclu à sa quatrième balle de match alors qu'on n'y voyait pratiquement plus rien dans le mythique Central londonien.

Nadal est le premier Espagnol à s'imposer à Wimbledon dans l'ère Open (1968) et le deuxième dans l'histoire du tournoi après Manuel Santana en 1966.

La victoire de Nadal n'est pas une énorme surprise, car l'Espagnol avait donné de nombreux signes de sa montée en puissance, notamment en gagnant son premier tournoi sur herbe au Queen's, juste avant Wimbledon. La déroute de Federer en finale de Roland-Garros, où il n'avait pris que quatre jeux, avait aussi marqué les esprits.

A Wimbledon, les deux hommes s'étaient promenés jusqu'à la finale (aucune set perdu pour Federer, un seul pour Nadal) et le pronostic était pour la première fois très équilibré.

Il est difficile de dire si le succès de Nadal annonce ou pas un changement d'ère. Il confirme les énormes progrès du Majorquin en dehors de sa surface de prédilection, la terre battue, mais Federer a évolué à un tel niveau que le voir rebondir n'aurait rien de surprenant.

Nadal à l'assaut du N.1

Le Suisse, déjà battu en demi-finale de l'Open d'Australie et en finale de Roland-Garros, n'a remporté aucun titre majeur cette saison. Il a subi sa neuvième défaite de l'année, ce qui est déjà son plus mauvais total depuis le début de sa domination en 2004.

Federer, vainqueur de douze Grands Chelems, reste à deux titres du record détenu par Pete Sampras. Il est évidemment trop tôt pour dire qu'il ne parviendra pas à rejoindre l'Américain. Si certains champions du passé ont entamé un irrémédiable déclin à son âge, 26 ans, comme Bjorn Borg ou John McEnroe, mais d'autres ont continué à gagner passée la trentaine, comme Sampras justement ou Andre Agassi.

«J'ai tout essayé... Rafa mérite sa victoire. C'est le pire des adversaires, sur le meilleur des courts. Mais je serai de retour l'année prochaine», a dit le Suisse.

Nadal, 22 ans, va rester N.2 mondial derrière Federer malgré sa victoire, mais il peut désormais envisager de prendre le pouvoir avant la fin de la saison, à condition de poursuivre sur sa lancée.

La deuxième moitié de la saison, sur dur, est celle qui lui a pour le moment le moins bien réussi. En 2007, il avait gagné cinq titres (déjà six cette saison), mais aucun après le mois de juillet.