Après avoir échoué au pied du podium en tant que membre de l'équipe féminine à l'épée aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004, Sherraine Schalm possède tous les atouts pour devenir la première escrimeuse canadienne à remporter une médaille olympique le mois prochain à Pékin. Et pourquoi pas être couronnée championne olympique!

L'épéiste originaire de l'Alberta a l'habitude de jouer les pionnières dans son sport. Membre de l'équipe nationale depuis 1994, elle est entrée dans l'histoire en raflant une médaille de bronze aux championnats du monde en 2005 - la première médaille du Canada en escrime en compétition internationale. L'année suivante, elle devenait la première escrimeuse non européenne à terminer en tête du classement général de la Coupe du monde à l'épée.

A 33 ans, elle allie à ses qualités athlétiques et mentales une maturité qui en font une sérieuse aspirante au podium olympique.

«On ne peut jamais être sûre de rien dans la vie, mais si je tire le meilleur de moi-même à Pékin, ce devrait être suffisant pour gagner», précise Schalm, qui avait obtenu une décevante 18e place dans l'épreuve individuelle à Athènes.

Le maître d'armes français Daniel Levasseur, qui lui a servi d'entraîneur de 2001 à 2004, reconnaît qu'elle possède toutes les qualités pour faire belle figure aux Jeux olympiques.

«Elle dispose d'une bonne vitesse explosive et elle se veut très endurante. Mentalement, elle est très forte. C'est une fonceuse, un véritable 'pitbull» qui ne lâche jamais. C'est aussi une personne intelligente», dit-il.

Mais la compétition et les succès ne sont pas ce qui importe le plus dans la vie de Schalm.

«Pour moi, il est important d'avoir du plaisir dans ce que je fais, dit-elle. Si on me donnait le choix entre gagner une médaille d'or ou avoir une vie bien remplie et heureuse, j'opterais définitivement pour la deuxième.»

D'ailleurs, pour exprimer tout son talent sur la piste, elle a besoin d'être en paix intérieurement.

«Quand je suis trop stressée, je perds ma joie et c'est contre-productif en compétition.»

Et elle parle en connaissance de cause. Aux Jeux panaméricains l'an dernier, le stress l'a étouffée et elle a finalement dû se contenter du 6e rang alors qu'on lui prédisait l'or.

Décisions audacieuses

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis que Schalm s'est initiée à l'escrime à l'âge de 12 ans.

«A l'école secondaire, il y avait un professeur plutôt 'cool» qui avait formé un club d'escrime. Comme je voulais attirer son attention, je l'ai traité de petit maigre. Je voulais qu'il me remarque. Mais ma mère a appris que je l'avais insulté et elle m'a donné sept jours pour lui demander pardon. Quand je l'ai abordé, je lui ai fait part de mon désir de m'inscrire à son club d'escrime. J'ai commencé avec le fleuret et ça n'a pas été immédiatement le coup de foudre. Mais comme j'appréciais la personnalité du professeur, j'ai continué.»

Elle s'est mise à l'épée à 15 ans et elle n'a pas tardé à s'illustrer. Pour progresser, elle n'a jamais hésité à prendre des décisions audacieuses.

A la fin de son secondaire, elle prend la direction d'Ottawa pour entreprendre ses études universitaires et se joint au club d'escrime Excalibur de Manuel Guittet. Après les Jeux de Sydney en 2000 - où elle s'est classée 19e de l'épreuve individuelle à l'épée - elle décide de s'installer à Paris pour s'entraîner sous la direction de Levasseur. Quatre ans plus tard, elle déménage à Budapest pour bénéficier des conseils du quadruple champion olympique hongrois Gyozo Kulcsar.

Cette année, elle a peaufiné sa préparation pour Pékin en s'entraînant à Budapest et à Montréal.

«Au fil de ma carrière, j'ai eu plusieurs entraîneurs et j'ai essayé de prendre le meilleur de chacun. Leur approche du sport est différente et cela a contribué à ma progression.»

Schalm, une chrétienne convaincue, s'estime privilégiée parce que son sport lui permet de voyager et de faire des rencontres enrichissantes.

«On ne devient pas riche en faisant de l'escrime au Canada, mais mes expériences de vie m'ont enrichie», dit-elle.