Le premier ministre Jean Charest n'a pas l'intention de protester contre une mesure qui empêche les athlètes québécois de brandir le fleurdelysé aux Jeux olympiques de Pékin.

Après avoir parlé avec le président du Comité international olympique, Jacques Rogge, M. Charest a affirmé, samedi, que cette mesure est liée au contexte politique du régime chinois, qui est aux prises avec un mouvement indépendantiste au Tibet.

Même s'il croit que le pays organisateur des Jeux est capable de faire la distinction entre la situation du Tibet et celle du Québec, M. Charest a dit qu'il n'avait pas l'intention d'aller plus loin dans ce dossier.

Le premier ministre québécois, de passage en Chine cette semaine, a reçu l'assurance de M. Rogge que les athlètes pourront défiler avec un drapeau reconnu lors des Jeux olympiques d'hiver à Vancouver, en 2010.

«Le CIO n'a pas d'objection à ce qu'un drapeau reconnu puisse être porté par un athlète, a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Mais ici, en Chine, dans l'espace public qui est de compétence du gouvernement chinois, ils veulent limiter les drapeaux aux pays représentés aux Jeux olympiques.»

Vendredi, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a enjoint M. Charest et les athlètes à protester afin que les organisateurs chinois acceptent d'autres drapeaux que seulement ceux des 205 pays membres du mouvement olympique.

En plus des athlètes, les spectateurs aussi sont soumis à une mesure semblable.

Samedi, M. Charest a estimé que les athlètes et les spectateurs devaient pouvoir exprimer leur patriotisme selon ce qu'ils ressentent, peu importe le drapeau.

Il a cependant affirmé qu'au Québec, certaines «chicanes» de drapeau se sont avérées vaines.

«Il ne faut pas faire de politique à outrance avec ça, a-t-il dit. Je regrette le fait que Mme Marois invite les athlètes à faire de la politique avec l'histoire du drapeau alors qu'ils ont autre chose à faire, leurs compétitions.»

En plus de Mme Marois, d'autres voix se sont faites entendre, dont celle d'un ministre flamand, en Belgique, qui a écrit une lettre à l'ambassadeur de Chine à ce sujet.

Des partis politiques gallois ainsi que les autorités écossaises ont aussi fait connaître leur mécontentement.

Samedi, M. Charest a conclu à Pékin une mission de quatre jours en Chine.

Il a participé à un grand rassemblement de l'Organisation internationale de la francophonie, où il a pu discuter avec M. Rogge, à l'occasion de cet événement visant à souligner que le français est, avec l'anglais, une des deux langues officielles du mouvement olympique.

L'ex-premier ministre français, d'autres chefs d'Etat et de gouvernement francophones, ainsi que des ministres des Sports et des membres du CIO étaient aussi présents.

Lors du point de presse qui a suivi l'événement, M. Charest a dit qu'il avait noté des progrès dans l'utilisation du français dans le cadre des olympiques.

«Ce que j'ai vu (vendredi, lors de l'ouverture) était très différent de ce que j'ai vu lors des jeux de Turin ou d'Athènes, a-t-il dit. Le français occupait une place très importante.»

Par ailleurs, M. Charest a affirmé que lors du prochain Sommet de la Francophonie, cet automne à Québec, les discussions sur les questions environnementales ne porteraient pas sur le protocole de Kyoto, un sujet de divergences entre Québec et Ottawa.

«Nous avons une occasion d'encourager la collaboration plus étroite entre les pays riches et les pays en développement sur les façons de réduire les gaz à effet de serre, sur les échanges de technologies, les échanges scientifiques. Sur le post-Kyoto, on aura l'occasion d'en discuter dans d'autres forums.»

En plus de l'événement francophone, M. Charest a aussi visité le village olympique, samedi, en compagnie de l'ex-plongeuse Sylvie Bernier, qui est la chef de mission de l'équipe canadienne.

En fin de journée, il a participé à une réception donnée par le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, dont la province accueillera les jeux d'hiver en 2010.

M. Charest est arrivé à Pékin samedi, après avoir passé trois jours à Jinan, dans la province du Shandong, à l'occasion de la Conférence des chefs de gouvernement des régions partenaires.