L'attaque des Alouettes est au sommet de la LCF dans presque toutes les catégories significatives. Le système introduit par Marc Trestman a créé un véritable petit monstre.

Un petit monstre qui doit certainement donner des maux de tête à plus d'un coordonnateur dans le circuit et dont l'un des grands bénéficiaires est Avon Cobourne. Le demi pourrait devenir le premier joueur de l'histoire de la Ligue canadienne à accumuler plus de 1000 verges au sol et par la passe au cours d'une même saison.

«Si on gagne la Coupe Grey, ça aura une signification. Ceux qui ont réussi l'exploit ont également gagné le championnat», a dit Cobourne, hier, faisant référence à Roger Craig avec les 49ers de San Francisco, en 1985, et Marshall Faulk avec les Rams de St. Louis, en 1999, les seuls à avoir relevé le défi, mais dans la NFL.

À l'aube du neuvième des 18 matchs de la saison, ce soir contre les Lions de la Colombie-Britannique au stade Percival-Molson, le compteur de Cobourne indique 715 verges au sol et 463 par la passe. Au début de la saison, lorsqu'il a été confirmé dans son poste de partant, Cobourne avait mentionné qu'il pourrait en quelque sorte devenir un deuxième Charles Roberts, porteur étoile des Blue Bombers. On a pris la chose avec un grain de sel, mais lui n'entendait visiblement pas à rire.

Avant d'aboutir à Montréal en 2006, Cobourne a disputé quelques matchs avec les Lions de Detroit en 2003, a joué pour les Centurions de Cologne de la NFL Europe en 2004 et a attendu son tour sans jamais l'obtenir chez les Dolphins de Miami en 2005.

Limité à sept courses à son premier tour de piste dans la LCF, Cobourne a couru 33 fois pour 160 verges l'an dernier. Rien de remarquable, sauf qu'il devait aussi apprendre une nouvelle position: celle de secondeur. Pour un demi offensif de 5'8, il y a de quoi figer.

Muté là au camp d'entraînement, Cobourne ne garde d'ailleurs pas un très bon souvenir de ce passage en défense -même s'il a fini par se rendre compte que Jim Popp voulait simplement trouver un moyen de le garder à Montréal (Popp est un grand fan d'A.C., le second).

«Mon orgueil en a pris un coup. Ç'a fait mal. J'étais un joueur offensif... Je me demandais s'ils avaient vu ce que j'avais réussi au football universitaire.» Cobourne a connu quatre bonnes saisons avec les Mountaineers de l'Université West Virginia, où il a totalisé 5175 verges au sol et a été nommé le joueur par excellence du club à sa troisième saison, en 2001.

«Ma famille me répétait que c'était une nouvelle porte qui s'ouvrait, mais je ne voyais pas ça sous cet angle au début. L'orgueil m'aveuglait. Il a fallu que je sois humble. J'ai ensuite compris que Popp voulait vraiment me garder ici. Ils auraient pu me libérer sans me devoir un rond, mais ils voulaient sérieusement que j'apprenne la défense...»

Aux yeux de Cobourne, tout n'était finalement qu'une question d'occasion.

«Je suis surpris d'avoir eu cette occasion. Je savais ce que je pouvais réussir, mais c'était assurément un choc.»

Calvillo à son mieux

L'autre A.C. montre également un éloquent tableau de statistiques. Anthony Calvillo semble déjà maîtriser le fameux système et n'a jamais paru si détendu. Il joue peut-être le meilleur football de sa carrière. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: premier pour les passes complétées (67,8%), pour les verges (2648), pour les touchés (20) -cinq de plus que n'importe qui-, pour les passes qui résultent en un touché (6,5%) ainsi que pour les passes interceptées (1,6%). Enfin, peut-être la statistique la plus importante: seulement 13 sacs. Encore là, le système y est pour beaucoup, mais personne ne viendra nier que la ligne à l'attaque est nettement plus coriace qu'en 2007.

Josh Bourke, 25 ans, et Jeff Perrett, 24 ans, des bloqueurs qui disputent leur deuxième saison professionnelle, impressionnent et se marient plutôt bien au trio à l'intérieur formé des vétérans Scott Flory, Bryan Chiu et Paul Lambert. Vince Martino, entraîneur du quintette, est évidemment satisfait de ses hommes, particulièrement de ses deux plus jeunes.

«Josh est très talentueux, mais ce qui ressort le plus, c'est qu'il est très agressif (nasty player). Un joueur propre, mais agressif. C'est plutôt rare de voir un jeune posséder cette qualité. Jeff est plus discret, mais il a essentiellement la même attitude. Et on comptait déjà sur des joueurs semblables avec toute l'expérience que l'on retrouve au milieu de notre ligne. Personne ne nous marchera sur les pieds, ça c'est sûr.»