Les visiteurs ne peuvent pas s'en rendre compte, mais Pékin, en dehors des zones olympiques, tourne un peu au ralenti. Depuis le début des Jeux, l'heure de pointe s'est allégée, les rues sont clairsemées et beaucoup de restaurants attendent le client.

Un calme bien sûr relatif dans cette capitale énergique de 17 millions d'habitants. Mais entre les Pékinois scotchés à leur téléviseur, ceux qui ont été priés de quitter la ville ou de travailler depuis chez eux pour limiter la circulation, l'effet est net.

Au restaurant hong-kongais GL, dans le quartier des affaires de Chaoyang, il faut souvent lutter pour trouver une table à l'heure du déjeuner. Depuis dix jours, les serveuses désoeuvrées rivalisent pour placer les clients.

«Depuis la cérémonie d'ouverture, on a entre 10 et 20% de clients en moins», admet la vice-gérante Shi Lili, 26 ans, malgré la diffusion des épreuves sportives en direct sur plusieurs écrans.

«Je ne crois pas que beaucoup de Pékinois aient quitté la ville pendant les Jeux, je crois plutôt que certains ont posé des jours pour les regarder à la télévision», ajoute la jeune femme.

De nombreux restaurants de quartier, interrogés par l'AFP, reconnaissent une fréquentation «légèrement en baisse», mais se montrent réticents à évoquer le sujet.

Zhang Qionjing, attablée dans un fast-food, explique qu'à l'heure du déjeuner, elle privilégie les lieux retransmettant les compétitions olympiques pour «jeter un oeil aux résultats».

Elle remarque que le soir, en ville, l'ambiance est particulièrement calme. «C'est vrai qu'avec mes amis, on se retrouve plus souvent que d'habitude pour regarder les Jeux ensemble, chez les uns chez les autres. Donc on sort moins», explique l'employée de bureau de 24 ans.

Le vigile à l'accueil de la tour de bureaux China Life constate aussi des arrivées plus fluides le matin. Devant les ascenseurs, moins de cohue.

Et bien sûr, depuis le 20 juillet, la circulation alternée des voitures -- un jour les plaques d'immatriculation paires, le lendemain les impaires -- réduit les déplacements.

«C'est surtout pour ça qu'il y a moins de monde, c'est plus compliqué pour les gens de se déplacer», avance M. Sun, 85 ans, installé tranquillement sur un banc public.

«Regardez, les chantiers sont vides, tous les ouvriers sont partis», note Mme Zhao, une autre riveraine, en référence aux dizaines de milliers de travailleurs migrants priés de rentrer dans leur région pendant les Jeux.

Cette dame aux cheveux gris, pyjama chic bordeaux et chaussons noirs, discute avec des copines dans sa ruelle, un éventail à la main, regrettant de ne pratiquement pas voir ses voisins, qui délaissent rarement leur téléviseur.

«Oh vous savez, dès la fin des Jeux (dimanche), les migrants seront de retour et on retrouvera notre rythme», affirme M. Sun, front dégarni et sourcils broussailleux.