Une sono prête à imploser, une ambiance électrique dans un stade inondé de lumière et des people en veux-tu en voilà: les fameuses «night sessions» à l'US Open relèvent du show à l'américaine.

Aux yeux des New-Yorkais, l'US Open est un pur divertissement, loin du formalisme d'un tournoi comme Wimbledon. A l'image du slogan de la Fédération américaine (USTA): «It's show time» («Il est temps de faire la fête»). Une fête de tous les instants avec concerts et soirées spéciales à la clé.

«J'arrive juste du boulot, raconte Jennifer, jeune banquière à Manhattan. Je ne connais rien en tennis mais l'US Open, pour nous les New-Yorkais, c'est l'un des plus gros évènements de l'année. Un rendez-vous qu'on ne peut pas louper».

Et, comme elle, sur les coups de 19h00, ils sont tous les soirs des milliers à faire le siège des grilles devant l'immense Central Arthur-Ashe et à attendre que le stade se vide de ses spectateurs de la journée. Un tout autre public, souvent en costard-cravate, moins averti mais plus prompt à s'amuser.

D'autant que les meilleurs Américains, les soeurs Williams, Andy Roddick ou James Blake, y sont quasi systématiquement programmés.

On y croise des vedettes américaines, comme le comédien et humoriste Jerry Seinfled cette semaine. Donald Trump et Robert de Niro sont des habitués. Et il n'est pas rare de voir les spectateurs se trémousser sans complexe, gobelets à la main, au son de la musique (un peu tous les styles, pourvu que ça bouge) qui «habille» les changements de côté.

Comme dans les autres salles ou stades américains, les fans se voient en gros plan sur les deux écrans géants, gagnent des cadeaux s'ils sont sélectionnés par la caméra. Un spectateur du haut peut ainsi être invité à descendre sur un siège du bas. Evidemment un généreux sponsor dûment nommé aura «offert» ce surclassement.

D'une capacité de 23.733 spectateurs, l'Arthur-Ashe, inauguré en 1997, est le plus grand stade de tennis au monde.

Avec sa bannière étoilée qui flotte haut dans le ciel, ses 24 projecteurs éclairant à la limite de l'éblouissement et ses centaines de loges pleines à craquer, surtout le soir, cette enceinte est plus vaste que certains stades de première division de football en France.

Et les joueurs goûte la différence. «La night session est un moment vraiment particulier dans le tennis, ça rend New York vraiment unique», explique le Suisse Roger Federer, quadruple vainqueur de l'épreuve.

Le Serbe Novak Djokovic, N.3 mondial et finaliste l'an dernier, devenu un chouchou du public avec ses imitations, abonde: «C'est le meilleur stade de tennis dans lequel j'ai joué, en tout cas le plus grand. C'est un vrai plaisir de revenir chaque année, ce sont des moments inoubliables».

Des moments dont se souvient parfaitement la Française Pauline Parmentier, qui avait eu les honneurs du Central en 2005 pour sa première participation à l'US Open: «C'était fantastique. J'avais joué Lindsay Davenport en soirée (au deuxième tour). Je me sentais comme écrasée sous les projecteurs !»

Dans un stade aussi grand, toutefois, difficile pour les spectateurs du troisième niveau de distinguer clairement les joueurs -et plus encore la balle- sur le court. «Si je n'avais pas mes jumelles, je n'aurais rien vu du match, remarque Jeff, assis au tout dernier rang. De toute façon, on voit mieux à la télé...» Mais on s'amuse beaucoup moins sur son canapé.