Les finales féminines au stade Uniprix ont trop souvent donné lieu à des matchs à sens unique, sans grand intérêt pour l'amateur de tennis.

Il y a deux ans par exemple, Ana Ivanovic écrasait Martina Hingis, 6-2 et 6-3. Deux étés plus tôt, Amélie Mauresmo pulvérisait une certaine Elena Likhovtseva par la marque de 6-1 et 6-0. Courte rencontre également en 2002 alors que Mauresmo, encore elle, écartait facilement Jennifer Capriati, 6-4 et 6-1.

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On souhaitait un scénario différent, hier, lors du match mettant aux prises la nouvelle vedette du tennis féminin, Dinara Safina, huitième au monde, une puissante cogneuse de 6' (1,84 m), à une étoile montante, la petite Dominika Cibulkova, 31e au monde, une teigneuse de 5'3 (1,61 m) pouces pour qui les balles et les défis ne semblent jamais inatteignables.

Safina, 22 ans, est intouchable depuis trois mois, mais Cibulkova ne venait-elle pas d'éliminer successivement Elena Dementieva, Nadia Petrova et Jelena Jankovic?

Malheureusement, il n'y a pas vraiment eu de match, hier après-midi, sur le central. Trop forte pour son adversaire Cibulkova, qui semblait intimidée par le fait de se retrouver en finale, Safina l'a emporté en deux petites manches de 6-2 et 6-1.

Le match a duré 68 minutes, le plus court de l'histoire de la Coupe Rogers après celui de 2004 entre Mauresmo et Likhovtseva.

«Je m'attendais à un match beaucoup plus difficile contre elle, a mentionné Safina en salle d'entrevue une trentaine de minutes après la rencontre. Peut-être est-ce parce que j'ai plus d'expérience qu'elle dans les matchs de finale. Elle m'a donné des points dans des moments cruciaux, des erreurs qui m'ont aidée à gagner en deux sets.»

Cibulkova, 19 ans, a admis à peu près la même chose. «J'étais nerveuse à ma première grande finale et j'aurais souhaité mieux jouer.»

N'empêche, Safina semblait savoir exactement quoi faire pour embouteiller sa jeune rivale. Non seulement a-t-elle bien servi (un taux de réussite plutôt moyen sur ses premières balles mais huit as), mais elle a attaqué le revers de la Slovaque avec des balles hautes et profondes, une stratégie que Cibulkova n'est jamais parvenue à résoudre.

«Je ne savais pas vraiment quoi faire en retour de services parce que lorsque je reculais, elle servait en angle puis quand j'avançais, elle me servait directement au corps, a noté Cibulkova. Lors des échanges en fond de terrain, je n'ai pas joué comme j'en suis capable. J'avais peur de commettre une erreur. C'est pourquoi je demeurais derrière la ligne de fond. Ce n'était pas une bonne journée mais ça arrive. Je viens toutefois de vivre ma plus belle semaine en carrière.»

Safina, qui passe au septième rang mondial, a du mérite puisqu'elle vient de remporter deux tournois consécutifs, un exploit rare au tennis international. «C'est incroyable. Habituellement lorsque je remporte un tournoi, je perds en première ronde la semaine suivante. Ça ne s'est pas produit après Berlin (en mai) parce que j'ai eu 10 jours pour récupérer mais ici, j'ai eu une journée et demie de répit parce que j'avais un vol à prendre de Los Angeles le lundi. Quand j'ai remporté mon premier match cette semaine, je me suis dit que je venais déjà de mieux faire que les fois précédentes en pareille circonstance. Puis, j'ai pris un match à la fois et je m'améliorais à chaque fois. J'ai très bien joué contre Kuzy (Kuznetsova). Hier (samedi) fut un match difficile mais je me suis accrochée. Aujourd'hui, j'ai donné tout ce que j'avais en tentant de rester tranquille, sans montrer la moindre émotion.»

La soeur de Marat Safin, qui semblait très émue par le fait de remporter un tournoi que son frère a déjà gagné, n'aura pas beaucoup de répit ces prochains jours puisqu'elle s'envole pour la Chine aujourd'hui. «Quelqu'un qui me connaît vraiment bien, comme mon entraîneur ou mon préparateur physique, peut voir dans mes yeux qu'il n'y a plus rien, pas d'émotion, du vide, je suis épuisée», lance-t-elle avec un sourire.

«Je prends un vol pour Berlin et ensuite vers Pékin demain. Il faudra que je prenne bien soin de moi pour récupérer.»

La pauvre n'aura même pas le temps d'apprécier sa victoire à Montréal...