Même s'il est encore trop tôt pour déclarer les États-Unis battus dans la course aux médailles d'or olympiques, la Chine a connu une première semaine de rêve aux Jeux de Pékin et pris une sérieuse option sur la tête du classement.

Après sept jours de compétition (sur 16), la Chine avait 26 médailles d'or, 12 de plus que les États-Unis et seulement six de moins que son total final à Athènes en 2004.

La domination chinoise dans certains sports comme l'haltérophilie (huit médailles), le tir (quatre) et le plongeon (quatre) n'a rien de nouveau: ces disciplines sont des châteaux forts traditionnels du pays. Ajoutez les sommes colossales investies par les autorités chinoises dans la préparation des Jeux et les podiums devenaient une formalité.

«Ce n'est pas étonnant que les Chinois aient si bien réussi, dit Jean-Pierre Huot, vice-président, haute performance, de la Fédération canadienne de tir. Ils ont investi 100 millions pour construire un des centres de tir les plus beaux et les plus fonctionnels du monde, où les athlètes vivent en résidence depuis trois ans. Ils ont aussi des entraîneurs de calibre international dans chacune des 15 disciplines de tir au programme olympique. J'aurais le centième de ce qu'ils ont ici et je serais un homme heureux.»

Même topo en judo, où la Chine a remporté trois fois l'or chez les femmes. Avant de prendre l'avion pour rentrer à Montréal, hier, l'entraîneur de l'équipe canadienne, Nicolas Gill, s'est remémoré une visite au centre d'entraînement de l'équipe chinoise, il y a deux ans. «Ils avaient regroupé les 50 meilleures filles dans leur centre à Pékin. Elles vivaient ensemble et leur seul objectif était les Jeux olympiques. C'est le centre d'entraînement où il y a le plus fort calibre dans le monde chez les filles.»

Résultat: les judokas chinoises ont plusieurs partenaires d'entraînement d'élite et les entraîneurs «ont le luxe de choisir entre plusieurs filles qui peuvent gagner. Ils peuvent amener aux Jeux celle qui est la plus prête et en santé, ce qui n'est pas nécessairement le cas dans les autres pays».

En haltérophilie, la Chine domine le volet féminin depuis qu'il a été ajouté au programme des Jeux, en 2000. «Si la Chine avait eu des athlètes inscrites dans les sept catégories de poids (la limite par pays est de quatre), elle aurait gagné sept médailles d'or», dit l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne, Yovan Fillion.

La Chine a aussi fait des gains dans des sports où elle est traditionnellement moins forte: le sabreur Zhong Man avait fini 22e au dernier championnat du monde, l'équipe féminine de gymnastique n'avait jamais obtenu mieux qu'une médaille de bronze et Zhang Juan Juan, qui a privé les Coréennes de l'or pour la première fois depuis 1980 dans l'épreuve individuelle de tir à l'arc, avait pris le 10e rang à Athènes.

La victoire la plus inattendue a été celle de la nageuse de 19 ans Liu Zige, sortie de nulle part pour remporter le 200 m papillon en un temps record de 2:04,18. «Je ne pensais pas pouvoir nager aussi vite», a dit Liu, reflétant le consensus dans le milieu de la natation, qui a froncé les sourcils en la voyant retrancher plus de trois secondes et demie à son meilleur temps en quatre mois à peine.

Sa victoire a relancé les rumeurs de dopage - un entraîneur polonais a parlé de résultats «irrationnels» -, malgré le sérieux reconnu des efforts des autorités chinoises depuis quelques années pour endiguer ce fléau. On est certes en droit de s'interroger.

Renverser la vapeur

Le début de l'athlétisme - 47 titres en jeu - devrait donner à la délégation américaine l'occasion de renverser la vapeur. À Athènes, les États-Unis avaient remporté huit médailles d'or dans les épreuves de piste et pelouse. La Chine? Seulement deux, celles de Liu Xiang dans le 110 m haies et de Xing Huina dans le 10 000 m féminin.

«Les États-Unis ont connu des championnats du monde extraordinaires à Osaka l'an dernier et semblent se diriger vers une cuvée encore meilleure qu'à Athènes», souligne Martin Goulet, chef de la direction technique d'Athlétisme Canada.

Inversement, la médaille d'or de Liu Xiang, dont le record (12,88 sec.) a été amélioré d'un centième par le Cubain Dayron Robles, cet été, est loin d'être garantie, tandis que les récentes performances chinoises dans les épreuves de longue distance n'offrent guère d'espoir, sauf peut-être dans le marathon féminin. Le lancer du marteau et les épreuves de marche sont aussi des possibilités. Peu importe, le total de médailles glanées par la Chine au Nid d'oiseau ne devrait pas approcher celui des États-Unis.

Mais il reste encore bien des finales en dehors de l'athlétisme, entre autres en plongeon (4), en ping-pong (4) et en badminton (3). S'il fallait en plus que la prédiction de Sports Illustrated pour l'aviron - cinq médailles d'or chinoises - se réalise, les Américains risquent d'en avoir plein les bras pour maintenir la position de tête qu'ils occupent depuis les Jeux d'Atlanta.

Médailles d'or chinoises

> Haltérophilie: 8

> Plongeon: 4

> Tir: 4

> Gymnastique artistique: 3

> Judo: 3

> Tir à l'arc: 1

> Escrime: 1

> Natation: 1