Toujours plus à l'aise dans un bassin que derrière des micros, l'Américain Michael Phelps a quand même livré ses impressions après être devenu mercredi à Pékin l'athlète le plus titré de l'histoire olympique.

«Il n'y a pas de mots», a décrit le prodige de 23 ans avant de reconnaître avoir été troublé pendant un moment par la portée de son exploit.

Après ses deux titres de jeudi matin, le 200 m papillon et le relais 4x200 m, Phelps compte dorénavant 11 médailles d'or olympiques. Et il lui reste trois épreuves à l'issue desquelles son total devrait encore progresser.

Q: Pouvez-vous décrire vos sentiments après cet exploit ?

R: «Il n'y a pas de mots. En grandissant, on pense éventuellement à disputer les JO. Là, ce sont mes troisièmes et je deviens le plus décoré. Rien que le fait de dire ça, c'est bizarre. Je suis sans mot. Après la finale du papillon, j'ai essayé de me reconcentrer pour le relais mais j'y pensais sans arrêt. Je me disais +Waouh+ !.»

Q: Pouvez-vous comparer la joie d'un titre olympique avec un autre événement personnel comme un anniversaire ou Noël par exemple ?

R: «Quand on obtient une médaille, c'est pour toujours. Alors qu'un anniversaire ou Noël, c'est tous les ans. (Un titre olympique) ne vieillit jamais. On ne se lasse pas d'entendre l'hymne et de voir le drapeau.»

Q: Pour un souci de lunettes sur votre 200 m papillon, auriez-vous pu tout perdre ?

R: «Quand mes lunettes ont glissé, je ne pouvais rien faire, ni les remettre, ni m'en débarrasser pendant la course. J'ai juste pensé à nager. Je ne maîtrisais pas tout. Je ne voyais pas très bien. J'ai essayé de suivre la ligne noire du fond pour savoir où j'en étais. J'ai aussi compté les coups pour savoir quand tourner. Du coup, je suis déçu de ne pas avoir pu nager plus vite (ndlr: il a néanmoins battu le record du monde).»

Q: Comment un enfant comme vous qui a connu des problèmes d'hyperactivité, peut-il rester aussi concentré dans des moments comme ceux-là ?

R: «Ce sont mes troisièmes Jeux. Je suis maintenant capable de gérer des situations comme les Mondiaux ou les jeux Olympiques. Je sais comment garder mon énergie, même sur des périodes de neuf ou dix jours. C'est vrai que c'est une de choses sur lesquelles j'ai le plus travaillé.»

Q: Quel est votre programme avant les trois dernières épreuves ?

R: «Je vais me reposer. Maintenant, je dois surtout penser à aller en finale sur les trois prochaines épreuves. Tout peut arriver. Je ne suis pas invincible. Pour l'instant tout va bien. Je me suis préparé pendant quatre ans pour ça. Le travail paie.»

Q: Quelle est la part qui revient à votre entraîneur Bob Bowman dans ce résultat ?

R: «Elle est évidemment déterminante. Je ne serais pas là où je suis avec un autre entraîneur. Il est intelligent. Il a surtout l'intelligence de ce sport. Il me porte. Il est au sommet des connaissances dans tous les domaines.»

Q: Avez-vous eu beaucoup de nouvelles venues des États-Unis ?

R: «Les gens me disent qu'ils ont vu la photo de l'arrivée du relais 4x100 m partout dans les journaux. Je sais que c'est gros là-bas. C'est sympa d'avoir le pays à ses côtés. Mais le meilleur a été un message que j'ai reçu d'un ami qui est là-bas. (il prend son téléphone et recherche le message pour le lire, ndlr) Il me dit: +C'est ridicule le nombre de fois où j'ai vu ta sale gueule depuis le relais. Maintenant, finis le travail et deviens le plus grand athlète de tous les temps+. C'est d'ailleurs le dernier message que j'ai lu avant la course de ce matin.»