Le Jamaïcain Usain Bolt a conclu son ascension express vers les sommets en devenant champion olympique du 100 m, samedi à Pékin.

Chronométré en 9,69 secondes, il a facilement battu son record du monde dans l'enceinte du Nid d'oiseau, se payant le luxe de relâcher son effort à une vingtaine de mètres de l'arrivée pour célébrer son titre.

Bolt, les bras grand ouverts aux 80 mètres, s'est frappé la poitrine juste avant de franchir la ligne. Il détenait l'ancien record en 9,72 secondes depuis le 31 mai à New York.

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Bolt a par ailleurs relégué aux oubliettes la marque olympique du Canadien Donovan Bailey, qui avait couru la distance en 9,84 secondes lors des Jeux d'Atlanta, en 1996.

La course, annoncée comme un sommet des Jeux, n'a pas été serrée du tout. Le Trinitéen Richard Thompson a terminé deuxième en 9,89 et l'Américain Walter Dix a été médaillé de bronze en 9,91.

Après cette performance époustouflante, il ne fait aucun doute que Bolt, 21 ans seulement, mérite le titre d'«homme le plus rapide de la planète».

L'ancien détenteur du record du monde, son compatriote Asafa Powell, a terminé seulement cinquième (9,95). Le champion du monde américain Tyson Gay avait été éliminé en demi-finales.

A Pékin, Bolt disputera aussi le 200 m, sa spécialité. Il en sera le grand favori, la semaine prochaine. En cas de victoire, il signera le premier doublé 100-200 aux Jeux depuis celui de Carl Lewis à Séoul, en 1988.

«Usain a été spectaculaire», a commenté Powell. Il était absolument intouchable ce soir. Il aurait pu aller beaucoup plus vite s'il avait filé jusqu'à la ligne».

Interrogé sur le fait de savoir pourquoi il avait relâché son effort alors qu'il aurait pu exploser son record, Bolt a répondu avec une certaine logique.

«Je n'étais pas venu ici pour battre le record du monde, parce que j'en suis déjà le détenteur. J'étais venu ici pour gagner».

En raison de sa grande taille -1,93 m- Bolt n'était pas considéré comme un coureur d'avenir sur la ligne droite. Les grands sprinters sont souvent handicapés pour sortir rapidement des blocs de départ et se mettre en action.

Mais sur la piste du Nid d'Oiseau, le Jamaïcain n'a pas eu besoin de prendre un départ canon. Comme d'habitude, il s'est servi de son amplitude et il ne lui a fallu que 41 foulées pour couvrir les 100 mètres, après avoir lâché tous ses rivaux avec une accélération fulgurante à la mi-course.

Une fois la ligne franchie, il a continué à courir avant d'esquisser quelques pas de danse, de lancer des baisers à la foule et de s'emparer d'un drapeau jamaïcain. Il a ensuite enlevé ses chaussures dorées et posé pour les photographes.

Bolt a toujours été un champion olympique du 200 m en puissance, mais il a eu de longs débats avec son entraîneur, Glen Mills, pour savoir quelle autre course ajouter à son programme.

Mills avait un faible pour le 400m, pensant que Bolt avait le physique pour ça. Mais Bolt n'aimait pas ce genre de travail, trop ardu. Il s'est donc mis à travailler les départs, tellement importants sur 100m. Après moins d'un an d'entraînement sérieux, il s'est aligné à New York, où il s'est emparé du record du monde en 9,72 secondes tout en mettant Gay en déroute.

Même après cet exploit retentissant, Bolt et Mills avaient continué à laisser planer le doute sur la participation du sprinter au 100m des Jeux.

Gay ne s'est pas qualifié pour la finale du 100 mètres, ayant terminé en cinquième place de sa vague de qualification.

Gay a été devancé de peu par son compatriote Darvis Patton au fil d'arrivée, l'empêchant ainsi d'obtenir le dernier laisser-passer disponible pour la grande finale. Patton a pris le huitième rang, en 10,03.

Asafa Powell - cinquième en 9,95 - et Bolt s'étaient quant à eux qualifiés en remportant leur demi-finale respective.

Gay ne pourra donc obtenir de médaille individuelle aux Jeux de Pékin, après avoir aussi failli de se qualifier pour le 200 m en s'étirant les ischio-jambiers pendant les qualifications américaines, le mois dernier.