Nicolas Macrozonaris avait causé une petite commotion en condamnant la sévérité des standards lors de la très officielle conférence de presse d'ouverture des sélections olympiques d'athlétisme, à Victoria, en 2004.

Quatre ans plus tard, le quadruple champion national du 100 mètres n'est plus là pour secouer les puces des bonzes du système sportif canadien. Blessé à une cuisse, il a été contraint de déclarer forfait pour les championnats canadiens de Windsor, ultime compétition qualificative pour les Jeux olympiques de Pékin qui s'est ouverte hier.

Libérée des contraintes du Comité olympique canadien - qui exigeait grosso modo une performance équivalente à un top 12 mondial - Athlétisme Canada a établi sa propre grille de critères en vue de Pékin. «Le comité canadien s'était fait taper sur les doigts par les médias et par beaucoup de monde. Finalement, ils se sont débarrassés de la patate chaude et ils nous l'ont mise entre les mains...», a ironisé le chef de la direction technique nationale, Martin Goulet, en entrevue à La Presse la semaine dernière.

«Patate chaude» dans la mesure où le financement des fédérations nationales dépend en grande partie de leurs résultats aux JO. Pas question, donc, d'ouvrir toutes grandes les portes et de simplement se conformer aux standards de la fédération internationale (IAAF), beaucoup moins rigides. Au grand dam de plusieurs, ajouterons-nous.

Athlétisme Canada veut envoyer une équipe compétitive en Chine et souhaite privilégier ses meilleurs éléments. En ce sens, la fédération nationale tient également compte du nombre très limité des accréditations aux Jeux.

Pas de figuration

Certes, les standards sont moins stricts qu'en 2004, mais Athlétisme Canada exige néanmoins de ses athlètes la capacité de répéter une performance sur demande. «On va là pour performer, on ne va pas là pour figurer, se justifie Goulet. On ne demande pas la lune. De la façon dont on a établi les critères, ce sont des athlètes qui sont capables de passer au moins une ronde. Ça me semble être un minimum de ce qu'on doit accomplir en tant que sport.»

Les championnats de Windsor, qui se déroulent jusqu'à dimanche, représentent la dernière occasion de réaliser les minima requis. Peu nombreux, les athlètes qui ont déjà réussi tous leurs standards doivent quand même se classer parmi les quatre premiers de leur épreuve pour confirmer leur sélection.

C'est le cas d'Achraf Tadili, spécialiste du 800 mètres et seul athlète québécois qui se retrouve dans cette position enviable. En dépit d'un entraînement printanier gâché en partie par une blessure, l'athlète lavallois s'est surpris lui-même lorsqu'il a enchaîné trois standards À lors de rencontres en Allemagne, fin mai, début juin.

Ne lui reste plus qu'à confirmer en se classant parmi les quatre premiers, dimanche, sur la piste bleue du stade de l'Université de Windsor. «Il faut le faire, mais c'est le critère le plus facile pour être choisi dans l'équipe olympique, a concédé Tadili, qui aura 28 ans mardi. Je suis à l'aise mentalement et prêt physiquement pour m'assurer une qualification. Mais c'est sûr que je vise au moins un top 2, sinon la victoire.»

Tadili aura fort à faire pour l'emporter puisqu'il se mesurera à Gary Reed, vice-champion mondial et recordman national. Avec Tyler Christopher (400 m) et Perdita Felicien (100 m haies, forfait à Windsor en raison d'une blessure à un pied), Reed, 26 ans, figure parmi les rares athlètes qui peuvent espérer procurer une première médaille olympique sur la piste au Canada depuis l'or de Donovan Bailey et du relais 4 X 100 m dont faisait partie Bruny Surin à Atlanta, en 1996.