Je suis un fan fini de natation. Peut-être parce que j'ai commencé sur le tard et que je suis un peu nul dans ce sport.

J'ai le cul béni. J'étais là pour chacune des huit médailles d'or de Michael Phelps. J'en garde une seule image, bien nette: un poisson furtif émergeant deux mètres plus loin que ses rivaux sur la coulée au papillon du relais quatre nages. Tout Phelps était là: le phénomène physiologique, le génie technique et, le plus important, les longueurs de plus à l'entraînement.

Je n'étais pas là pour la médaille d'or du Néerlandais Maarten van der Weijden au 10 kilomètres en eau libre. Je l'ai lu dans le journal, comme pour la presque totalité des événements sportifs des Jeux.

Caché dans le peloton, van der Weijden a surpris ses adversaires à l'aide d'une accélération soudaine dans les 400 derniers mètres. Le nageur de 27 ans a souffert de la leucémie en 2001. Il doit sa survie à une greffe de moelle osseuse

«Ça m'a appris à prendre les choses une à la fois, a-t-il dit après sa victoire. Quand tu es si souffrant et si fatigué dans ton lit à l'hôpital, tu ne penses pas au prochain mois, mais à la prochaine heure. J'ai usé de la même stratégie en patientant dans le peloton. J'ai eu la chance de survivre grâce à la greffe. Je remercie donc tous ceux qui ont donné de l'argent pour la recherche, sans quoi je ne serais peut-être pas ici.»

Mon père a reçu deux greffes de moelle osseuse à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Je n'ai pas eu le temps de lui parler une fois depuis que je suis à Pékin. J'écris ces lignes au creux du Nid d'oiseau, entouré de 90 000 spectateurs chinois, par une belle soirée d'athlétisme. C'est beaucoup grâce à ma mère et à lui que je suis ici.