Le Comité international olympique (CIO) a confirmé l'interdiction pour l'Irak de participer aux Jeux de Pékin à cause de l'«interférence» du gouvernement dans les mouvements sportifs, mettant fin aux espoirs de sept athlètes de se rendre en Chine en août.

Dans une lettre datée du 23 juillet, et adressée au ministre irakien de la Jeunesse et des Sports Jassem Mohammad Jaafar, le CIO a indiqué qu'il maintenait l'interdiction imposée en juin aux athlètes irakiens.

«En dépit de tous les efforts du CIO et du Comité olympique asiatique pour trouver une solution positive avec le (...) gouvernement irakien, nous avons le regret de vous informer que la décision du bureau exécutif du CIO datée du 4 juin 2008 de suspendre le Comité olympique national irakien est confirmée», selon une copie de la lettre obtenue par l'AFP.

«Nous regrettons profondément cette décision qui porte gravement atteinte au Comité olympique irakien, aux mouvements sportifs ainsi qu'aux athlètes irakiens mais qui est malheureusement imposée par les circonstances», peut-on encore lire dans la lettre.

Réagissant à cette interdiction, un dirigeant du Comité olympique irakien, Bachar Mostafa, a dit regretter la décision du CIO, affirmant que son organisme avait fait tout son possible pour dénouer la crise.

«Nous avons fait tout notre possible pour régler la crise, mais à notre grand regret certains nous ont menés dans une impasse», a dit M. Mostafa, blâmant sans les identifier «ceux qui ont fourni au gouvernement des fausses informations privant ainsi l'Irak de voir ses athlètes participer à la compétition internationale».

La Maison-Blanche s'est aussi dite «déçue» par la décision du CIO.

«Je suis sûre que les athlètes irakiens -qui se sont entraînés si dur, et devaient finalement représenter un pays libre, souverain et oeuvrant pour établir la démocratie- doivent être terriblement déçus et je suis déçue aussi pour ces athlètes», a déclaré son porte-parole Dana Perino à la presse.

«L'action du gouvernement (irakien) a pénalisé les athlètes», a justifié pour sa part à l'AFP Emmanuelle Moreau, porte-parole du CIO.

«Nous sommes extrêmement déçus d'en arriver là mais la date butoir d'inscription des sportifs était dépassée dans la plupart des sports qui concernaient l'Irak sans que l'on ait eu de signe de changement», a-t-elle précisé, citant le tir à l'arc, le judo, l'aviron et l'haltérophilie.

Le CIO conserve cependant un mince espoir de voir un athlète irakien à Pékin: «On espère une prise de conscience et un changement d'attitude du gouvernement irakien avant la clôture des inscriptions pour l'athlétisme», les plus tardives.

Le 4 juin, le CIO avait décidé de suspendre provisoirement le Comité olympique irakien en raison de l'«interférence» du gouvernement irakien dans les mouvements sportifs du pays.

Bagdad avait révoqué par décret le 21 mai le Comité national olympique pour le remplacer par un nouvel organisme dirigé par le ministre irakien de la Jeunesse et des Sports.

Dans un communiqué, le CIO écrivait qu'il ne reconnaissait aucun «comité intérimaire» ou aucun autre groupe «nommé par le gouvernement irakien pour superviser le Comité olympique irakien, les mouvements sportifs et olympiques» du pays.

La décision irakienne, prise à quelques mois des JO de Pékin, était motivée par le fait que le Comité ne disposait pas du quorum suffisant pour mener ses débats et qu'il n'avait pas organisé d'élections depuis plus de cinq ans.

Le responsable du Comité olympique irakien, Ahmed Al-Samarrai, a été enlevé par des hommes armés en juillet 2006 et l'on est toujours sans nouvelles de lui.

Le 5 juin, l'Irak avait annoncé son intention de faire appel de la décision.

Fin mai, la Fédération internationale de football (FIFA) avait décidé d'interdire pour des raisons identiques l'Irak de toute compétition internationale pendant un an, avant de lever cette sanction «de façon conditionnelle et provisoire».