L'Américain Bernard Lagat, double champion du monde du 1500 m et du 5000 m, s'aligne de nouveau sur les deux distances aux Jeux de Pékin avec pour priorité l'or sur la première, pour tenir la promesse qu'il avait faite à sa mère après sa 2e place à Athènes il y a quatre ans.

Le «miler» de 33 ans courait alors encore pour le Kenya, son pays natal, même s'il venait d'obtenir la nationalité américaine quelques mois auparavant. Au terme d'un sprint homérique, il avait été devancé d'une courte tête par le Marocain Hicham El-Guerrouj, quadruple champion du monde de la discipline.

«Gagner aux Jeux, c'est mon rêve», dit Lagat, déjà médaillé de bronze sur 1500 m aux Jeux de Sydney en 2000. «Cela voudrait dire que j'ai tenu la promesse que j'avais faite à ma mère sur le terrain d'échauffement après ma médaille d'argent à Athènes. Elle m'avait dit +ton heure viendra+.»

«Je lui ai promis de tout faire pour y arriver, a-t-il ajouté. Imaginez sa joie, si je gagne. J'adorerais être là-bas (au Kenya) pour voir sa réaction. Mais si je ne gagne pas, tant pis. J'irai embrasser le vainqueur.»

Au-delà de l'aspect sentimental, Lagat a sans doute sa meilleure carte à jouer sur 1500 m à partir de vendredi. Ne serait-ce qu'à cause du programme.

Succéder à Nurmi et El-Guerrouj

Les séries du 5000 m débutent mercredi prochain, au lendemain de la finale du 1500 m. «Il y a trois tours sur 1500 m, ce qui est très éprouvant, rappelle Lagat. Et le 5000 m n'est pas mon épreuve. Il y a trop de tours pour moi. Les autres athlètes pourraient adapter leur tactique pour me mettre en difficulté. Le 1500 m est ma priorité.»

Surtout que sur 5000 m, un paramètre change la donne par rapport à l'an dernier: la présence de l'Ethiopien Kenenisa Bekele, triple champion du monde et champion olympique du 10.000 m, qui n'a plus disputé le 5000 m en grand championnat depuis sa 2e place derrière El-Guerrouj aux JO 2004.

«Ca va tout changer, admet Lagat. Bekele détient le record du monde de la distance et il peut courir à un rythme soutenu du début à la fin.»

Surtout avec l'aide de son lièvre préféré, son petit frère Tariku Bekele. S'il est suffisamment en forme après le 10.000 m, durcir la course pourrait lui permettre d'éviter de se faire surprendre au finish comme à Athènes.

Lagat, lui, rêve d'une course tactique pour faire parler sa pointe de vitesse, qui est également sa meilleure arme sur 1500 m face à ses ex-compatriotes kényans et au Français Mehdi Baala.

Premier homme à réussir le doublé 1500 m/5000 m aux Mondiaux l'an dernier, l'Américain entrerait un peu plus dans l'histoire s'il rééditait cet exploit à Pékin. Seuls le Finlandais Paavo Nurmi en 1924 et El-Guerrouj en 2004 ont déjà remporté les deux épreuves aux Jeux.