J'ai bien tenté d'admirer le tout nouveau chandail de Brett Favre, hier, sur le site des Jets de New York. D'autant plus que la petite pub à la droite de l'écran me proposait de l'acheter «MAINTENANT». Mais pas de chance; même après deux, trois ou cinq minutes d'attente, la boutique virtuelle des Jets demeurait inaccessible. Trop de trafic, sans doute.

Voilà qui vient résumer tout l'impact de Brett Favre chez les Jets, mesdames et messieurs.

Les fans se bousculent déjà, et la deuxième équipe du marché new-yorkais a sa première véritable star depuis Joe Namath. Quarante ans après Broadway Joe, voici maintenant Broadway Brett.

Aucun doute, les Jets ont eu le dessus dans cet échange, le plus important à secouer le monde de la NFL depuis celui de Joe Montana en 1993. Pour mettre la main sur Favre, les Jets n'ont eu qu'à offrir un choix de quatrième ronde aux Packers dans la nuit de mercredi (ce sera un choix de deuxième ronde si les Jets participent aux séries). C'est ce qu'on appelle un coup fumant.

Le divorce consommé, Brett-la-légende peut dorénavant se concentrer sur son prochain défi (au fait, c'est bel et bien lui le quart partant; Chad Pennington a été libéré hier). Et il s'agit d'un pas pire défi: replacer sur les rails du respect un club qui n'a remporté que quatre victoires la saison dernière.

Heureusement pour Brett, les Jets avaient déjà commencé les rénos cet été. De nouveaux joueurs de ligne à l'attaque ont été ajoutés - dont le garde Alan Faneca, ancien des Steelers de Pittsburgh qui a pris part à cinq matchs du Pro Bowl - de nouveaux joueurs défensifs aussi, incluant le costaud plaqueur Kris Jenkins. En plus, les Jets ont un calendrier 2008 relativement doux: les Dolphins de Miami deux fois, les Bills de Buffalo deux fois, les Raiders d'Oakland, les Chiefs de Kansas City, les Rams de St. Louis, les 49ers de San Francisco

Avec un peu de chance, les Jets de Brett pourraient conclure la saison à 9-7 ou 10-6. Il n'y aura pas de Super Bowl, mais peut-être une place en séries, ce qui est déjà pas mal mieux qu'une saison de 4-12. En plus, les Jets vont faire parler d'eux, élément de première importance dans un marché féroce comme celui de New York.

Pendant que les patrons des Jets fument des gros cigares et boivent du mousseux à 500$, ceux des Packers de Green Bay doivent commencer à suer quelque peu. C'est que l'affaire Brett Favre a été un désastre pour eux, particulièrement pour le directeur général Ted Thompson.

L'histoire semble maintenant un peu plus claire. À Green Bay, les médias chuchotent que Thompson n'a jamais été un fan de Favre, mais qu'il devait vivre avec, vu le statut presque mythique du vétéran quart dans cette petite ville du Wisconsin.

Or, Thompson aurait fortement «suggéré» à Favre de prendre sa retraite l'hiver dernier pour placer son homme, Aaron Rodgers, dans le siège du quart numéro un. Rappelons ici que Rodgers a été le premier joueur repêché par Thompson, en avril 2005

Évidemment, Ted Thompson s'est retrouvé dans l'embarras quand le légendaire Brett a décidé qu'il n'allait pas passer l'automne à faire du jardinage. Pas question de retirer le titre de quart partant à Rodgers, et surtout pas question de laisser Favre débarquer au camp Alors, Thompson et l'entraîneur Mike McCarthy ont tenté de calmer le jeu en laissant sous-entendre que Favre est un joueur en fin de carrière. Mais s'il n'est plus si bon que ça, pourquoi avoir refusé de l'échanger à un rival de division?

Au bout du compte, M. Brett a eu ce qu'il voulait. Un nouveau maillot, des dirigeants qui ont confiance en lui, et une équipe qui devrait lui permettre d'ajouter quelques chapitres à sa belle histoire. En plus, il a gagné la bataille des relations publiques face à Thompson et McCarthy, qui seront toujours reconnus comme étant les deux gars qui l'ont sorti de Green Bay.

MM. Thompson et McCarthy peuvent toutefois se consoler. Tout ce qu'ils ont à faire pour se faire pardonner, c'est de gagner un Super Bowl cette saison.

Rien que ça.