Elle n'a que 25 ans. Pourtant, Marie-Pierre Gagné passe pour la «vieille» au sein de l'équipe canadienne de nage synchronisée. D'autres s'en offusqueraient. Pas elle.

«Je suis la vétéran de l'équipe, alors les filles me taquinent souvent en m'appelant 'mamie' ou 'la vieille'», raconte avec amusement celle qui fait partie de l'équipe nationale depuis maintenant 10 ans et qui prendra part à ses deuxièmes Jeux olympiques le mois prochain à Pékin.

Dans son rôle de capitaine de l'équipe, Gagné ne ménage aucun effort pour repousser sans cesse les limites qui pourraient permettre aux Canadiennes de renouer avec un podium olympique.

«Je suis une perfectionniste, avoue la Montréalaise. Je le suis envers moi et pour mon équipe. J'en demande toujours plus.»

Un tel caractère n'est guère étonnant quand on pratique depuis si longtemps un sport où la recherche de la perfection dans le geste et le synchronisme fait partie du quotidien.

«C'est notre sport qui nous façonne ainsi. Nous passons huit heures par jour à travailler en vue de devenir les meilleures.»

Implication sociale

Il n'y a pas que dans la piscine que Gagné cherche à tirer le meilleur d'elle-même. Malgré tout le temps et l'énergie qu'elle doit investir dans son sport, elle a toujours considéré ses études comme prioritaire. Entre les Jeux d'Athènes et ceux et de Pékin, elle est parvenue à compléter un baccalauréat en gestion stratégique à l'Université McGill.

«J'ai toujours accordé beaucoup d'importance à mes études. J'ai d'ailleurs l'intention de les poursuivre et de faire une maîtrise.»

Éventuellement, elle aimerait trouver un emploi dans le domaine de la gestion éthique et le développement durable, un secteur dit-elle qui ne cessera de prendre de l'ampleur au cours des prochaines années.

«Nous sommes rendus là. Ça prend des gens qui vont faire la démonstration qu'il est rentable économiquement, donc bon pour tout le monde, de privilégier le développement durable.»

Et Gagné prêche par l'exemple. À la suite d'un travail universitaire, elle a publié l'an dernier dans le bulletin officiel de Synchro Canada un article où elle suggérait sept gestes que les nageuses peuvent poser pour protéger l'environnement.

«Je me suis inspirée de l'idée de David Suzuki qui encourage les Canadiens à relever un défi de la nature en posant 10 gestions quotidiens. Parmi les gestes que je proposais aux nageuses, il y avait notamment de passer moins de temps sous la douche après l'entraînement, d'utiliser des bouteilles d'eau réutilisables, d'apporter son dîner dans une boîte à lunch et de mettre les aliments dans des contenants de plastique réutilisable, d'accrocher maillots et serviettes pour les faire sécher au lieu de les mettre dans la sécheuse.»

Cette initiative a changé les habitudes parmi les filles de l'équipe nationale et Gagné dit avoir reçu plusieurs courriels de félicitations à la suite de la publication de cet article.

Grand voyage

Avec l'expérience qu'elle a acquise au fil de sa carrière, plusieurs dans l'entourage de l'équipe estiment que son leadership jouera un rôle important à Pékin. Gagné reconnaît qu'elle sera cette fois mieux préparée à relever le défi des jeux.

«J'ai vécu un grand moment à Athènes, se rappelle-t-elle. Quand nous nous sommes présentées sur la tribune au bord de la piscine pour notre programme, j'en avais les larmes aux yeux.

«Mais j'ai appris qu'il faut minimiser l'importance qu'on accorde aux Jeux, qu'il ne faut pas se mettre trop de pression en se disant que tout le monde me regarde. Il faut offrir aux jeux une performance comme on le fait à l'entraînement.»

Depuis plusieurs années, Gagné n'a guère eu le loisir de s'accorder de vraies vacances. Quand ce n'était pas les préparatifs intensifs en vue des grands rendez-vous sportifs, elle devait se concentrer sur ses études. Mais après les Jeux de Pékin, elle se promet de rattraper le temps perdu.

«Mon copain et moi, nous avons prévu après les jeux un voyage 'sacs à dos' de plusieurs semaines en Asie. Nous projetons d'aller, outre la Chine, en Thaïlande, au Vietnam, au Laos et au Cambodge. C'est une belle opportunité puisque mon copain doit entreprendre son stage pour devenir avocat en octobre.»

Et qui sait si Gagné ne trimballera une médaille olympique dans ses bagages.