Les deux équipes américaines en lice, Columbia et Garmin, ont en commun d'avoir changé de nom pour le Tour de France et de porter haut l'étendard de la lutte antidopage.

Pour Columbia, le nouveau nom de la formation High Road, la démarche était indispensable. Jusqu'à l'automne dernier, le groupe s'appelait T-Mobile (ex-Telekom), autrement dit l'équipe allemande qui a alimenté l'actualité du dopage durant une bonne partie de la saison 2007 par les révélations en chaîne sur ses pratiques douteuses dans le passé.

Son responsable, l'Américain Bob Stapleton, arrivé aux commandes en septembre 2006 dans la foulée du licenciement de la star Jan Ullrich, dit avoir rompu avec le passé. Effectif renouvelé et rajeuni, avec nombre de jeunes prometteurs (Cavendish, Ciolek, Boasson-Hagen, etc), programme de contrôles en interne effectuée par une agence privée extérieure (ACE, Agency for Cycling Ethics). L'ombre du Dr Heinrich, le spécialiste de la clinique de Fribourg qui fut le médecin d'Ullrich et de la sélection allemande, est oubliée.

«Ca n'a plus rien à voir», affirmait sur le Giro l'ex-maillot rose, l'Italien Marco Pinotti, qui fait passer dans son pays le credo de l'antidopage. L'équipe, dont le siège est basé en Californie, a pris l'immatriculation américaine. Avec un groupe très international: huit nationalités sont représentées dans l'équipe de neuf coureurs présente à Brest.

Rupture avec Armstrong

L'histoire de Garmin, qui s'appelait jusqu'à fin juin Slipstream, est toute différente. Limpide en un mot, puisque son fondateur, l'ancien coureur américain Jonathan Vaughters, s'est réclamé d'emblée des valeurs de l'antidopage.

Slipstream, autrement dit le «sillage», a été créé pour «promouvoir un sport éthique et former la génération des champions de demain», l'ambition déclarée de Vaughters qui résume son mot d'ordre d'une formule: «ride clean or go home» (roule propre ou rentre chez toi). L'année passée, il a conclu un partenariat avec l'agence ACE pour mettre en place un système antidopage sophistiqué.

Cette année, quelque 700 tests ou contrôles sont prévus pour les 25 coureurs de l'équipe. Largement plus que le nombre lié au passeport biologique de l'Union cycliste internationale (UCI). Mais, au-delà de l'effet quantitatif et des détails modernistes -chaque coureur est doté d'un PDA/GPS-, l'originalité du système tient surtout en la réunion, pour l'essentiel, des coureurs dans un même site.

C'est à Gerone (Espagne), où le septuple vainqueur du Tour Lance Armstrong séjournait pendant la saison cycliste, que Vaughters a installé ses quartiers. Il a fait venir la plupart de ses coureurs, souvent des anglophones expatriés, afin de créer une dynamique de groupe, faciliter l'esprit et la vie d'équipe, être plus près des coureurs si besoin.

Le principe séduit, à en juger par le nombre de coureurs qui seraient intéressés à rejoindre la formation, selon ses responsables. Loin de l'image fabriquée en son temps par l'intouchable Armstrong, le coureur qui a tant marqué l'histoire du cyclisme américain, et son équipe (US Postal devenue Discovery Channel), Slipstream entend marquer une rupture.

Le Français Lionel Marie, l'un de ses directeurs sportifs, l'expliquait en début de saison: «La porte est ouverte (aux médias). On veut montrer qu'une équipe américaine, ce n'est pas seulement une équipe inaccessible qui s'entoure de gardes du corps.»