Les derniers billets à vendre pour les JO se sont arrachés vendredi à Pékin dans une atmosphère chaotique, avec des dizaines de milliers d'acheteurs potentiels se pressant aux points de vente, dont certains arrivés sur place dès l'avant-veille.

D'importantes forces de l'ordre ont été appelées en renforts pour contrôler la foule de 40 000 à 50 000 personnes massée près du Stade olympique, dans l'espoir d'obtenir l'un des 250 000 tickets encore à vendre, sésames pour les compétitions d'athlétisme, de plongeon et de gymnastique notamment.

Alors que les guichets n'ouvraient qu'à 9h, heure locale vendredi, des fans avaient pris position dès mercredi.

Lei Peng, 23 ans, a passé deux nuits sur un trottoir de la capitale écrasée de chaleur à deux semaines de l'ouverture des Jeux, le 8 août. Mais sort de l'épreuve avec un large sourire... et deux billets pour l'un des événements les plus courus: la finale du 110 m haies, où le héros national et champion olympique Liu Xiang doit défendre son titre.

«C'était dur, mais ça valait la peine. Je n'ai pas pensé un seul instant à abandonner tant j'étais concentré sur ces deux billets», dit le jeune diplômé d'ingéniérie de l'Anhui, une province de l'Est.

Dès jeudi, plus de 10.000 personnes patientaient près du «Nid». Vendredi matin, ce nombre avait plus que quadruplé, entre 40 000 et 50 000 personnes, selon les chiffres de la police du district, ne prenant pas en compte les autres points de vente, à Pékin, ou dans les autres villes hôtes.

Foules surexcitées, police dépassée

L'attente, alors que le thermomètre atteint les 33-34 degrés dans la capitale, le tout sur fond d'humidité record, s'est révélée trop éprouvante pour certains. Des foules surexcitées ont ainsi bousculé la police, après avoir renversé des barrières pour s'approcher plus vite du guichet.

Plusieurs personnes, emmenées par les forces de l'ordre, y ont perdu leur tour dans la file d'attente, serpentant sur un vaste terrain nu proche du stade.

«La police n'avait pas idée de la foule qui viendrait et rien n'était organisé, c'était le chaos», déplore Wang Zhongliang, employé d'un groupe américain de messagerie.

Xiong Xingguo, chef de la police du district, reconnaît que le maintien de l'ordre s'est révélé «chaotique et difficile».

Dans la confusion, un journaliste de l'AFP a vu qu'un photographe de Hong Kong, Felix Wong, qui travaille pour le South China Morning Post, avait été appréhendé par la police et emmené. Les responsables du journal ont indiqué qu'il avait été retenu plusieurs heures.

Un porte-parole du comité organisateur des Jeux a confirmé à l'AFP que M. Wong avait bien été appréhendé. Il a précisé que c'est parce que photographe refusait d'obéir aux ordres de la police de quitter une zone dont l'accès était interdit et qu'il avait blessé un officier de police.

«Après que les journaux eurent annoncé la vente des tickets, trop de gens sont venus et nous avons eu un problème de sécurité», ajoute-t-il.

Mais «comment être Chinois et ne pas assister à des JO organisés en Chine ?», résume Han Ruxiang, 76 ans, qui a passé deux nuits sur une natte de bambou pour pouvoir emmener sa femme de 67 ans voir la finale du plongeon.

«Je suis fatigué, mais si content», ajoute-t-il.

Tout le monde ne s'est néanmoins pas donné cette peine: «Mon patron m'a envoyée à sa place», raconte Ding Ye, 27 ans, qui repart également avec deux billets pour le plongeon en poche.

Il y a aussi ceux qui ont les moyens de s'approvisionner au marché noir florissant, et totalement prohibé. La police a arrêté une soixantaine de revendeurs au cours des deux derniers mois.

Environ 75% des quelque sept millions de billets pour les JO ont été réservés au marché chinois, le reste étant vendu à l'étranger via les comités olympiques nationaux.