D'entrée de jeu, une confession: malgré leur histoire inspirante et leurs nombreux titres du Grand Chelem, je n'ai jamais aimé les soeurs Williams. Jusqu'à hier.

Peut-être est-ce à cause de leur arrogance, leur manque de classe dans la défaite ou leur je-m'en-foutisme - à moins que ce ne soit un mélange des trois? -, mais les Williams me tombent parfois sur les nerfs. Au mieux, elles me laissent indifférent.

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Mais hier, même leurs plus grands détracteurs ont dû s'incliner devant la famille la plus célèbre du tennis féminin, qui était à l'affiche en finale autant en simple qu'en double à Wimbledon.

Venus et Serena ont commencé leur journée en disputant la finale en simple, que l'aînée a remportée en deux manches de 7-5 et 6-4. Venus a ainsi mis la main sur son cinquième titre en simple à Wimbledon, son troisième au cours des quatre dernières années. Quelques heures plus tard, les deux soeurs ont remporté aisément la finale du double féminin - leur troisième sacre en double au All England Club - contre Lisa Raymond et Samantha Stosur en deux manches identiques de 6-2.

En simple, les soeurs Williams ont joué une finale de très grande qualité. Serena en a mis plein la vue en début de match, mais elle a ensuite éprouvé trop de difficultés avec son deuxième service pour espérer remporter un troisième titre à Wimbledon. Contre n'importe quelle autre adversaire, Serena aurait pu gagner malgré son deuxième service. Mais pas contre sa soeur aînée, la meilleure joueuse de sa génération sur gazon.

En début de deuxième manche, Serena a brisé le service de sa soeur au terme d'une partie marathon d'une vingtaine de points qui s'est conclue sur une chute de Venus et un coup gagnant facile de Serena. Mais dès la partie suivante, Venus a repris son bris de service en attaquant - encore une fois - la deuxième balle de service de sa cadette. Serena a concédé le dernier bris de service du match à 5-4 en ratant deux coups droits faciles. Cette fois-ci, Serena n'avait qu'elle-même à blâmer.

De l'autre côté du filet, Venus a disputé un match à l'image de son jeu au cours des deux dernières semaines: sans faute. Alors que les autres vedettes du circuit féminin ont été humiliées l'une après l'autre par le gazon du All England Club, Venus a valsé sur cette surface qui sied si bien à son jeu tout en attaque. C'est comme si la soeur aînée des Williams se débarrasse de tous ses complexes dès qu'elle foule le gazon londonien, où elle a remporté cinq de ses sept titres du Grand Chelem en carrière.

En finale, Venus, 28 ans, et Serena, 26 ans, ont aussi fait preuve d'une classe inhabituelle. Autant les deux soeurs peuvent manquer du respect le plus élémentaire en temps normal face à leurs adversaires, autant elles s'imposent une retenue qui les honore quand elles s'affrontent. Même si elles n'ont plus la forme - ni peut-être même l'intérêt - afin de prétendre au titre de numéro un mondiale, les soeurs Williams ont démontré une fois de plus leur suprématie sur gazon.

Depuis 2000, la famille Williams a toujours pris part à la finale de Wimbledon, à l'exception du duel de 2006 qui opposait alors Amélie Mauresmo à Justine Henin. Mais hier, Venus et Serena Williams n'ont pas seulement ajouté deux titres du Grand Chelem à leur collection. Elles ont sauvé le tournoi féminin de Wimbledon, qui a failli tourner au cauchemar à la suite de l'élimination rapide des favorites.

Ivanovic qui ne contrôle pas ses nerfs. Sharapova qui subit la pire défaite de sa carrière. Jankovic qui rate une autre chance d'éclore en Grand Chelem. J'en suis le premier étonné, mais heureusement qu'il y avait les soeurs Williams.

Ce qu'elles ont dit...

Venus Williams > «Je me suis dit: "Oh mon Dieu, ça fait cinq titres!" C'est la première chose qui m'a traversé l'esprit. Gagner ce tournoi aussi souvent vous met dans la stratosphère. Quatre c'était grand, mais cinq c'est monumental. Il y avait du vent, il tourbillonnait. Le niveau de jeu était très haut. Nous avons fait de beaux échanges et des points intenses. Nous sommes toutes les deux très puissantes. Ça s'est vu sur le terrain. La célébration n'a pas été aussi forte qu'elle aurait pu l'être, car c'est ma soeur qui a perdu. Je pensais à ce qu'elle ressentait. Le service a été un élément-clé. Je n'ai pas été très satisfaite de mes coups de fond de court, mais le service a été là quand j'en ai eu besoin. J'étais assez relâchée, un peu plus qu'elle, je crois.»

Serena Williams > «Ce n'est pas plus facile de perdre contre sa soeur. Ni plus dur, ni plus facile que contre quelqu'un d'autre. Je n'ai pas vu de célébration de son côté. Je ne faisais pas attention. En première manche, j'ai perdu le rythme, je n'ai pas frappé mes balles, plus rien ne semblait marcher. Je n'étais pas spécialement fatiguée. Mais je ne suis pas satisfaite de la manière dont j'ai joué. Les conditions étaient très dures. Je sais qu'elles étaient les mêmes pour elle. Mais elle a haussé son niveau de jeu, tandis que le mien a baissé. Sa tactique était de me servir dessus. La prochaine fois, je saurai à quoi m'attendre. C'était une tactique très lisible.»

Agence France-Presse

Andrea Jaeger aurait perdu volontairement

L'ancienne joueuse Andrea Jaeger a révélé à un journal britannique qu'elle avait perdu volontairement en finale du tournoi de Wimbledon en 1983. «J'ai raté sciemment des balles et j'en ai frappé d'autres directement à Martina (Navratilova), a déclaré Jaeger. J'ai feint d'être frustrée après avoir perdu le premier set, 6-0.» Navratilova a obtenu cette année-là le troisième de ses neuf sacres à Wimbledon.

Associated Press