Quand il a déménagé à Ottawa en 2005, le canoéiste Gabriel Beauchesne-Sévigny n'a pas acheté seulement une horloge, mais bien quatre.

Quand il a déménagé à Ottawa en 2005, le canoéiste Gabriel Beauchesne-Sévigny n'a pas acheté seulement une horloge, mais bien quatre.

Faites la connaissance d'un gars ponctuel qui a trouvé une façon originale de se motiver en vue des Jeux olympiques. Des quatre horloges fixées aux murs de la maison qu'il habite depuis trois ans, une se distingue du lot. Quand il est 17 h dans la capitale nationale, le cadran indique plutôt 5 h le matin.

Elle n'est pas défectueuse. Son propriétaire l'a plutôt programmée pour indiquer l'heure... de Pékin.

"Chaque matin, je regardais celle-là avant de me rendre à l'école ou un entraînement. Ça me motivait, ça me rappelait mon but. Je la regardais aussi en soirée en mangeant parfois un bol de riz", raconte Beauchesne-Sévigny, un étudiant de troisième année en génie civil à l'Université d'Ottawa.

L'athlète âgé de 23 ans n'a pas raté son rendez-vous olympique. Il s'est assuré avec fracas sa place au sein de l'équipe canadienne en juin lors d'une étape de la Coupe du monde en Hongrie.

Triples olympiens battus

Son partenaire Andrew Russell, de la Nouvelle-Écosse, et lui ont eu le meilleur sur les frères Buday, triples olympiens canadiens, en canoë deux places sur 1000 m. Ils participeront aussi à l'épreuve sur 500 m en C-2 aux Jeux.

La paire se connaît depuis sept ans et habite ensemble dans la capitale. Trois autres kayakistes du club Rideau se retrouvent sous le même toit avec eux.

"Nous avions un objectif commun. Celui de tous se rendre à Pékin. Finalement, il n'y en a que deux des cinq gars qui ont réussi", souligne-t-il sur un brin de tristesse.

Originaire de Trois-Rivières, l'athlète québécois ne regrette pas d'avoir quitté sa Mauricie natale. Son patelin conserve tout de même une place de choix dans son coeur.

"Il y avait une grosse tendance à l'époque. Plusieurs rameurs allaient à Ottawa pour s'entraîner. J'ai décidé d'embarquer dans le train et voir où cela allait m'amener.

"La rivière Rideau est un beau plan d'eau pour s'entraîner. Et les gens du club sont vraiment exceptionnels. Ils sont motivés et très impliqués. Ils m'ont adopté rapidement. C'est une grosse famille. Il y a tellement d'ondes positives."

Une affaire de famille

Et justement, le canoe-kayak est une affaire de famille chez les Beauchesne-Sévigny. Sa soeur Geneviève sera aussi de l'aventure chinoise en K-4.

Encore là, il y avait un pacte. Les deux allaient participer à ces Jeux. Pas question qu'un reste derrière au pays et regarde l'autre à la télé.

Ils ont signé un exploit rare. Peu de duos frère-soeur ont participé à une même édition olympique. Au Canada, les Beauchesne-Sévigny seraient les premiers. Il y a eu Isabelle et Paul Duchesnay, d'Aylmer, mais les patineurs artistiques représentaient la France en 1988 et 1992.

"Le canoë, c'est un sport que j'ai découvert par hasard vers 11-12 ans. J'avais tout fait auparavant, dont le soccer et le ski alpin. J'ai immédiatement gagné des médailles lorsque je me suis mis à ramer. J'aimais cela, surtout que j'ai toujours eu un désir de performer", souligne Gabriel, dont l'ascension a été rapide.

À 16 ans, il participe à un camp d'évaluation de l'équipe nationale junior. Ce fut une leçon 101, autant sur le plan sportif que sur la vie quotidienne. Il était l'unique franco sur 30 participants.

Au chapitre des performances, il retient une troisième place récoltée en juin à une importante régate en Allemagne.

"Depuis notre retour au Canada, je pense beaucoup à cette course. J'essaie de reproduire à l'entraînement les mêmes mouvements, les mêmes sensations sur l'eau."

Le but avoué est de dupliquer ce résultat à Pékin. La paire s'inspire de leur coéquipier Adam van Koeverden, qui avait surpris en remportant deux médailles en 2004.

"Sa performance, il y a quatre ans, nous a pompés. Depuis, tous les gars au sein de l'équipe canadienne se disent que n'importe qui pourrait gagner."