Les amateurs de football qui rempliront les gradins du stade Percival-Molson pour la 80e fois de suite, jeudi soir, auront droit à deux duels pour le prix d'un.

Non seulement le match que se disputeront les Alouettes de Montréal et les Stampeders de Calgary mettra-t-il aux prises les deux attaques de l'heure dans la LCF, il donnera également lieu à un affrontement fort attendu entre l'offensive fort dynamique des Oiseaux conçue par Marc Trestman et la défensive... tout aussi dynamique menée par Chris Jones, l'ancien coordonnateur de la défensive montréalaise qui occupe désormais le même poste avec les Stamps.

L'attaque des Alouettes domine la Ligue canadienne aux chapitres des points marqués (71), des touchés (8) et des premiers jeux obtenus (67), ce qui permet à la formation montréalaise de demeurer la seule formation invaincue (2-0) dans la ligue, avec les Roughriders de la Saskatchewan.

Mais s'il y a quelqu'un qui connaît les faiblesses d'Anthony Calvillo, Ben Cahoon et compagnie, c'est bien Jones, qui les a côtoyés quotidiennement pendant cinq ans jusqu'à l'automne dernier. Il sera donc intéressant de voir si les Alouettes pourront continuer de faire avancer le ballon au même rythme... même si les différents intervenants concernés ont cherché à minimiser l'aspect dramatique de ce face-à-face, mercredi, à la suite de leur préparation d'avant-match.

«On m'en a beaucoup parlé cette semaine, mais je ne crois pas que ce soit un avantage, ni un désavantage, a déclaré Jones. Peu importe l'affrontement, ça reste du football professionnel. Nous les avons étudiés et ils nous ont étudiés. Ce sera donc une question d'exécution.»

«Bien connaître les joueurs adverses n'est qu'un facteur parmi tant d'autres», a souligné Trestman.

«Il nous connaît bien, mais notre schéma offensif est tout nouveau», a souligné Calvillo.

«(Jones) mise sur plusieurs jeunes, il les fait jouer avec intensité et il les fait bouger beaucoup sur le terrain», a indiqué le demi à l'attaque des Alouettes Avon Cobourne, le meneur de la LCF pour les gains totaux depuis la ligue de mêlée, avec 347 en deux rencontres - 196 au sol et 151 par la passe. «On prendra donc des risques des deux côtés du ballon. Reste que ce n'est pas lui qui va jouer, et nous avons d'excellents joueurs, qui sont capables de réussir de grandes choses.»

«Ils protègent très bien AC (Calvillo), leur ligne à l'attaque joue à l'unisson et il ne faut pas sous-estimer Cobourne, a ajouté Jones. Mais c'est vrai que tout part du quart, alors la clé pour nous sera de bien boucher les brèches, de façon à se donner l'opportunité de clouer AC au sol.»

Au bout du compte, ce seront peut-être les joueurs de l'attaque montréalaise qui auront l'avantage puisqu'ils connaissent bien, eux, le style habituellement préconisé par Jones.

«Nous avons appris à connaître son répertoire au cours des dernières années, a noté Calvillo. Ils présenteront différentes formes de blitz et tout dépendra de notre capacité à bien lire ce qui s'en vient de leur côté ou non.

«Ce serait bien de continuer à marquer autant de points, mais il est certain que tôt ou tard, nous devrons faire face à l'adversité, a souligné le quart des Alouettes. Ils ont vu les films, comme nous. Ils vont s'ajuster, et ensuite ce sera à nous de s'ajuster à eux. C'est la nature même du football.»

Pas d'amertume

La visite de Jones aura d'autant plus de piquant que bien des observateurs l'estimaient prêt à devenir entraîneur-chef des Alouettes, l'hiver dernier. C'est toutefois Trestman qui a succédé à Jim Popp. Jones a assuré n'entretenir aucune amertume à ce niveau.

«Le moment venu, le bon contexte va se présenter de lui-même, a dit Jones. Je comprends que ce sont les affaires, je suis encore jeune et je vais finir par faire ma place.»

Et ne comptez pas sur Jones pour entretenir la nostalgie à l'occasion de ce retour à Montréal.

«Ce n'est qu'un autre match de football, a-t-il dit. Je me préoccupe de ce qui se passe chez les Stampeders, je ne pense pas au reste.»

Pas mal comme attaque

Par ailleurs, l'attaque des Stamps n'est pas manchote non plus. Elle est deuxième dans la ligue, chaque fois derrière les Montréalais, pour les points marqués (59), les touchés (7) et les premiers jeux (46).

«Ils ont une attaque explosive et leur ligne à l'attaque est très active, a noté Trestman. Nous serons donc mis au défi dans cette phase du jeu aussi.»

«Les deux équipes ont d'excellents joueurs qui sont capables de disputer un bon match et ce, dans les trois phases du jeu, a affirmé le quart des Stamps Henry Burris. On va jouer au chat et à la souris, ça va être comme une partie d'échecs.»