À 20 ans, Mathieu Bois fait partie de cette nouvelle génération de nageurs canadiens qui ont les dents longues. Pour lui, il n'est pas question de se contenter d'un rôle de figurant. Et il ambitionne d'accéder à la cour des grands sur la scène internationale.

Bois, qui vivra sa première expérience olympique dans moins d'un mois, a des attentes bien précises pour les Jeux de Pékin même s'il réalise qu'il lui faudra patienter jusqu'aux Jeux de Londres en 2012 pour offrir des performances à la hauteur de ses ambitions.

«Nous serons deux brasseurs canadiens à Pékin - Mike Brown et lui prendront part aux 100 et 200 mètres brasse - et je vise à établir mes meilleurs temps personnels et à me tailler une place dans les demi-finales. Et j'aimerais bien devancer Brown pour maintenir mon statut sur 100 mètres.»

Le nageur de St-Hubert a en effet créé la surprise en avril dernier quand il a devancé Brown au 100 mètres brasse lors des épreuves de qualification olympique à Montréal. Il en a profité pour signer sa meilleure performance personnelle en une minute 01,53 secondes. Dans l'immédiat, il aimerait bien améliorer le record canadien du 100 mètres brasse qui appartient à Morgan Knabe (1:00,70) depuis 2003.

«Depuis un an, j'ai fait de grands progrès. J'aime repousser mes limites. À chaque compétition internationale, j'apprends beaucoup et mon caractère d'athlète évolue.»

Un aspect de sa personnalité qui n'a pas changé au fil des ans est son sens inné de la compétition, qui s'est manifesté très tôt. A l'âge de sept ans, il se retrouvait à compétitionner avec des adolescents de 15 ans tellement il était en avance. Quand il s'est joint au club de natation des Hippocampes de St-Hubert, on l'a encouragé à se concentrer sur la brasse tellement il était dominant dans ce style.

«Rapidement, je me suis mis à établir des records québécois à la brasse, un style qui me va bien en raison de prédispositions physiques.»

Depuis, il s'est joint au club de natation des piscines olympiques de Montréal où il travaille sous l'oeil attentif de Benoît Lebrun.

Quand on lui demande comment il entend composer avec les aléas d'un grand rendez-vous comme celui des Jeux olympiques, Bois affirme qu'il ne répétera pas l'erreur commise aux Jeux de Commonwealth en 2006, quand il s'est laissé étouffer par la pression à ses premiers grands jeux sur la scène internationale.

«Je n'ai aucune crainte cette fois. Je suis conscient qu'il s'agit d'un très gros événement. Mais une piscine demeure une piscine. Je garde les deux pieds sur terre et je n'ai pas l'intention de me laisser distraire par tout le faste de l'événement.»

Un athlète organisé

Dans le sport comme dans la vie, Bois est une personne qui ne laisse rien au hasard.

«Je suis très organisé. Quand je commence une journée, j'ai toujours en tête un plan de ce que je veux faire. Quand je ne planifie pas mes activités, je suis perdu.

«L'organisation est une facette importante de la vie d'un athlète de haut niveau. C'est aussi une qualité qui me sera utile dans tous les autres aspects de ma vie.»

Ayant bénéficié du programme sports-études pour les athlètes qui visent la performance à l'école secondaire de Mortagne, Bois a décidé de poursuivre ses études même s'il ignore encore le type de profession qu'il aimerait exercer une fois sa carrière d'athlète terminée.

«Il faudra que je trouve quelque chose qui me passionne autant que la natation mais il n'y a aucune d'urgence», précise Bois, qui étudie pour l'instant en sciences humaines au Cegep Maisonneuve.

Quand il veut décrocher de sa routine, celui qui arbore un piercing sur le sourcil gauche s'évade dans les jeux vidéos.

«Je rentre vraiment dans l'action de ces jeux et j'oublie tout le reste. Et pendant les longs voyages, mon appareil portatif me sauve la vie.»