Le grimpeur italien Riccardo Ricco s'est imposé d'entrée dans les Pyrénées en gagnant en solitaire, dimanche à Bagnères-de-Bigorre, la neuvième étape du Tour de France.

Le «Cobra» a attaqué dans Aspin, le second col du parcours, à 30 kilomètres de l'arrivée, pour s'assurer son deuxième succès dans la Grande Boucle depuis le départ de Brest.

Derrière lui, les favoris se sont observés. D'autant que le Luxembourgeois Kim Kirchen (Columbia), toujours porteur du maillot jaune, a reconnu avoir passé une journée difficile et que l'Australien Cadel Evans, le deuxième du classement général, a été diminué par une chute survenue en cours d'étape.

Sur la ligne, Ricco a précédé de 1 min 04 sec le Russe Vladimir Efimkin, parti en contre-attaque dans le final, et de 1 min 17 sec le premier groupe réglé par le Français Cyril Dessel, en conclusion des 224 kilomètres.

L'offensive du grimpeur italien a condamné l'Allemand Sebastian Lang, dernier rescapé d'une échappée lancée dès le 22e kilomètre avec le Bélarusse Aleksandr Kuschynski et le Français Nicolas Jalabert.

Un démarrage fulgurant

Ce trio a compté plus de 14 minutes d'avance (Km 55) avant que les coureurs de l'équipe Euskaltel ne haussent le rythme du premier peloton pour ramener l'écart à 9 minutes au pied de Peyresourde, le premier col classé en première catégorie.

Dans Aspin, l'Allemand Stefan Schumacher, le troisième du classement général au départ de Toulouse, s'est projeté brièvement en tête avant de rétrograder et reculer d'une place à l'arrivée.

Ricco, fulgurant dans un démarrage évoquant son idole Marco Pantani (le vainqueur du Tour 1998 décédé d'une overdose en 2004), est parti à 5 kilomètres du sommet après une accélération de son lieutenant, le vétéran italien Leonardo Piepoli.

Le grimpeur de Formigine, une localité des environs de Modène, a rejoint et aussitôt dépassé Lang, pour préserver ensuite son avance dans la descente puis sur les faux-plats menant à l'arrivée.

Agé de 24 ans, Ricco s'est imposé pour la deuxième fois, trois jours après avoir gagné à Super-Besse dans le Massif Central.

«Ce n'était pas prémédité», a déclaré après l'arrivée Ricco, en reconnaissant ensuite qu'il avait «la rage» quand il s'est rendu compte qu'il pouvait gagner l'étape.

L'Italien est revenu sur les contrôles antidopage répétés dont il a fait l'objet depuis le départ: «Je suis très serein là-dessus. Mes valeurs (sanguines) sont hautes mais elles sont normales pour moi. J'ai un certificat de l'UCI (Union cycliste internationale) prouvant que ces valeurs sont naturelles.»

Evans à terre

Ricco a reconnu qu'il avait bénéficié de la passivité des favoris qui ne lui ont pratiquement rien repris sur la partie finale, faute d'entente.

«Mon équipe (Columbia, ndlr) a beaucoup travaillé depuis une semaine, c'était aux autres de rouler», a estimé Kirchen qui ne comptait qu'un seul équipier (Siutsou) avec lui. «J'espère que c'était mon jour-sans», a ajouté KK, moins à l'aise à l'évidence que les jours précédents.

Evans, pour sa part, s'est contenté de suivre après sa chute survenue peu avant la mi-course. Le favori du Tour s'est retrouvé à terre avec d'autres coureurs (Verdugo et Eisel notamment) mais est reparti sans attendre, le maillot largement déchiré dans le dos.

L'Australien souffre de plaies sur le côté gauche (épaule, coude, hanche, genou), apparemment sans gravité. «Mais ce sera peut-être douloureux dans la prochaine étape», a prévenu le Dr Gérard Porte, médecin-chef du Tour, qui l'a soigné en course. Tout comme l'Espagnol Alejandro Valverde, qui a souffert des suites de sa chute de mercredi dernier.

Avant l'étape-reine des Pyrénées, Ricco est remonté de la 27e à la 21e place (à 2 min 35 sec de Kirchen). «Je ne veux pas penser au classement général», a toutefois répété le «Cobra» qui a annoncé la couleur: «Je vais aider Piepoli à Hautacam.»

Lundi, la 10e étape entre Pau et Hautacam (156 km) franchit auparavant le Tourmalet, une ascension classée hors catégorie (17 km à 7,5 %).

Le sommet (2115 m d'altitude), sous l'observatoire du Pic du Midi, précède une rapide descente suivie par la traversée de la vallée sur une petite vingtaine de kilomètres avant la montée finale.

La ligne est installée à l'altitude de 1520 mètres, après 14,4 kilomètres d'ascension (à 7,2 %) classés eux aussi hors catégorie.

Le Français Luc Leblanc (1994), le Danois Bjarne Riis (1996), l'Espagnol Javier Otxoa (2000) figurent au palmarès des trois arrivées du Tour sur ce site.

Départ de Pau à 13h05, arrivée à Hautacam vers 17h25 (prévision à 36 km/h de moyenne).