C'est chouette, être un premier choix au repêchage. Votre nom circule, les bonis augmentent à la signature de votre premier contrat professionnel Et c'est toujours un beau coup de chapeau qu'on vous fait lorsqu'on prononce votre nom parmi les 30 premiers.

Mais il y a un revers à la médaille. Des attentes écrasantes et un jugement parfois hâtif des amateurs qui, au premier signe inquiétant, vous traitera de «bust».

Parlez-en à David Fischer.

Le défenseur de 20 ans, choisi au 20e rang par le Canadien à l'encan de 2006, est bien au courant des murmures qu'on commence à entendre à son sujet.

«Les gens peuvent bien dire ce qu'ils veulent, mais au fond de moi-même, je me suis fixé mes propres objectifs, insiste Fischer. C'est ceux-là que je veux atteindre.»

À sa deuxième saison dans la NCAA, Fischer a dû se contenter d'une fiche de deux buts et 12 mentions d'aide en 45 matchs avec les Gophers de l'Université du Minnesota.

«C'est sûr que j'aurais préféré inscrire plus de points la saison dernière, mais je préfère ne pas me préoccuper du passé et me concentrer sur l'avenir», indique-t-il.

Fischer récupère encore d'une blessure au poignet gauche qui l'empêche d'être à 100%. Mais le jeune homme refuse d'utiliser les blessures comme excuses, comme il refuse d'imputer à son ablation des amygdales, l'hiver dernier, un certain ralentissement dans son jeu.

«Il n'est pas aussi enrobé qu'on le voudrait, mais il a subi l'ablation des amygdales en début de saison. Curieusement, il a été incapable de prendre du poids par la suite», a pourtant admis Trevor Timmins.

Fischer, un grand garçon de 6'4, estime qu'il pourra atteindre le cap des 205 livres cette année. Il se voit un jour peser près de 220 livres dans la Ligue nationale.

Mais pour l'instant, il est encore loin du compte.

«Je sais que je dois me renforcer parce que ce ne sera pas facile dans les coins de patinoire quand, lors d'un camp d'entraînement, je vais me frotter à Georges Laraque!»

Pas de date d'échéance

Qu'on lui trouve la carrure trop frêle est une chose. Mais ce sont ses performances des deux dernières saisons qui en ont incité plusieurs à se demander si le Canadien n'avait pas erré en le réclamant dès le premier tour.

Trevor Timmins défend son choix et ne veut pas jeter l'éponge dans le cas de Fischer.

«Son développement a peut-être été ralenti l'an dernier, mais sa deuxième moitié de saison a été excellente, plaide Timmins. Il y a tout lieu de croire qu'il va reprendre là où il a laissé.

«Il n'y a pas de date d'échéance pour qu'il atteigne Montréal...»

Fischer retournera au Minnesota pour une troisième saison. Il entend travailler davantage sur son contrôle du disque.

«Je veux être en mesure de bouger la rondelle plus rapidement et de la transporter en zone adverse avec plus de confiance», admet spontanément Fischer, un jeune homme qui s'exprime bien.

L'exemple de David Fischer illustre combien il peut être utile, dans le système actuel, de repêcher des universitaires américains. On dit souvent que les défenseurs prennent plus de temps à se développer. Mais lorsqu'une équipe a quatre ans pour leur faire signer un contrat - contrairement à deux ans pour les joueurs européens - elles se donnent une meilleure marge de manoeuvre. Et laisse la porte ouverte à des «vendanges tardives» !