Joe Morgan regarde à quel point le match des étoiles du baseball majeur a changé, et il n'aime pas ce qu'il voit.

L'ancien grand joueur de deuxième but des Reds de Cincinnati, un membre du Panthéon du baseball, se souvient de l'époque où les joueurs vedettes évoluaient pendant neuf manches, et de l'époque où le match générait d'imposantes cotes d'écoute.

Ce n'est plus vrai.

«Ce match a changé et c'est l'une des raisons pour lesquelles il a perdu de son lustre. Maintenant, c'est une rencontre hors-concours alors qu'auparavant, c'était une question de vie ou de mort», a affirmé Morgan lors d'une conférence téléphonique en vue du match des étoiles, qui sera présenté mardi au Yankee Stadium.

Lors de la dernière présentation du match des étoiles dans le vénérable domicile des Yankees, en 1977, Morgan a amorcé la rencontre en claquant un circuit contre Jim Palmer, des Orioles de Baltimore. En dix matchs à titre de porte-couleurs de la Ligue nationale, Morgan a fait partie de la formation gagnante à chacune de ses participations.

«Je ne dis pas que les joueurs d'aujourd'hui manquent d'ardeur au jeu. Ce que je dis, c'est qu'auparavant, des joueurs comme Willie Mays et Hank Aaron pouvaient jouer du début à la fin, a tenu à préciser Morgan. Maintenant, les joueurs passent deux ou trois manches sur le terrain, et à compter de la sixième manche, vous n'avez plus la même qualité de vedettes qu'au début du match.»

Selon Elias Sports Bureau, Mays a joué toutes les manches de la classique estivale en 11 occasions, comparativement à neuf fois pour Aaron. Lorsque Carlos Beltran a participé aux neuf manches du match disputé à Pittsburgh il y a deux ans, il est devenu le premier joueur à passer la rencontre entière sur le terrain depuis Ken Griffey fils, Brady Anderson et Ray Lankford en 1997, à Cleveland.

De nos jours, les gérants des deux équipes tentent de permettre au plus grand nombre de joueurs possible de prendre part à la rencontre. En 1986, à Houston, Jose Canseco s'était plaint du fait que Dick Howser, le gérant de la formation de la Ligue américaine, n'ait pas fait appel à ses services.

Morgan pense que le match d'étoiles avait un cachet spécial qui a disparu. Et le fait que cette rencontre détermine l'avantage du terrain en vue de la Série mondiale, une innovation qui date de 2003, n'aide pas, croit l'ancien joueur de deuxième but.

«Vous pouvez affirmer que 'ce match est important', si les joueurs n'y croient pas, ça ne changera rien. Ce sont les joueurs qui donnent de la valeur à un match, par le marketing», a tranché Morgan.

Steve Phillips, un ancien directeur général des Mets de New York, maintenant analyste au réseau ESPN, soutient que les changements qui ont touché le baseball au fil des ans expliquent la baisse d'intensité de la classique estivale.

«Jusqu'à un certain point, les rencontres inter-ligues ont dilué la sensation d'affronter l'autre ligue parce que les joueurs s'y sont habitués, a soulevé Phillips. Et avec l'autonomie, les joueurs se considèrent d'abord comme faisant partie des ligues majeures, et non de la Ligue américaine ou nationale. Surtout qu'ils peuvent passer d'une ligue à l'autre pendant la saison morte.»