La justice britannique a refusé vendredi l'accès aux Jeux de Pékin au sprinteur Dwain Chambers, banni par son comité olympique (BOA) en raison de son passé de dopé.

Suspendu deux ans après un contrôle positif en 2003, Chambers a prouvé le week-end dernier qu'il restait le patron de la ligne droite dans son pays, remportant les sélections en 10 secondes, meilleur chrono britannique depuis 2001 (Mark Lewis-Francis en 9.97).

Mais la Haute Cour de Justice a refusé de suspendre un règlement spécifique du BOA, datant de 1992, bannissant à vie des JO tout athlète coupable d'infraction à la législation antidopage, en attendant un examen au fond en mars. La Cour a jugé que la sélection de Chambers nuirait à «l'harmonie et la gestion de l'équipe britannique».

Plusieurs membres de la délégation se sont opposés à son retour: Craig Pickering (100 m), Helen Clitheroe (3000 steeple), Jo Pavey (5000 m), Martyn Rooney (400 m) et Goldie Sayers (javelot).

Si l'intéressé ne s'est pas exprimé à sa sortie du tribunal, le président du BOA, Colin Moynihan, a jugé «regrettable qu'un athlète au talent aussi évident que Dwain Chambers se soit lui-même mis, par ses actes, hors d'état de concourir sur la scène olympique à Pékin.»

Il a envoyé un «message clair»: «Aucune personne reconnue coupable d'infractions sérieuses au règlement antidopage n'aura l'honneur de porter le maillot de la Grande-Bretagne aux Jeux.»

«Hypocrisie»

Selon l'ancien président de l'Agence mondiale antidopage (AMA) Dick Pound, cette clause, qui va au-delà de l'arsenal répressif du Comité international olympique (CIO), aura toutefois du mal à résister à un examen au fond.

D'autant que le BOA en a exempté plusieurs sportifs par le passé, comme Lewis-Francis (positif au cannabis) ou la championne du monde du 400 m Christine Ohuruogu (trois contrôles manqués). Une ambivalence qui a conduit des supporteurs à se rendre au tribunal avec des tee-shirts portant l'inscription «Hypocrisie contre Chambers».

Alors qu'un premier retour à la compétition en 2006 n'avait pas suscité de remous (il avait remporté l'or à l'Euro de Göteborg), celui que le sprinteur a annoncé à la fin de l'hiver a provoqué un tollé, malgré sa contrition affichée.

Plus que son contrôle positif à la THG, stéroïde de synthèse, de grandes voix de l'athlétisme, comme Sebastian Coe, Sally Gunnell ou Kelly Holmes (tous champions olympiques) ne lui pardonnent pas d'avoir affirmé l'an passé qu'il était quasiment impossible de remporter l'or sans se doper.

À 30 ans, la carrière de celui qui reste le 2e Européen le plus rapide de l'histoire, derrière Linford Christie, semble devoir s'achever sur ce revers.

Son avocat, Jonathan Crystal, avait laissé entendre jeudi qu'en cas de rejet de sa requête, il ne ferait pas appel et «s'en irait vers le soleil couchant».

Après des reconversions avortées dans le football américain et le rugby à XIII, il lui faudra trouver le moyen de rembourser les prix remportés durant sa période de dopé.

À Pékin, la Grande-Bretagne sera représentée sur 100 m par Simeon Williamson et sans doute Craig Pickering et Tyrone Edgar.