Un jour sans doute, un détenteur d'un passeport canadien remportera le championnat national de golf du pays. Seulement deux hommes ont réussi l'exploit depuis 1914 et aucun d'eux n'est en mesure, aujourd'hui, de relater les plus beaux moments de leurs victoires.

Ce qui laisse Mike Weir, Stephen Ames et 17 autres Canadiens à devoir se débrouiller par eux-mêmes pour trouver la recette secrète, à la veille de l'Omnium canadien RBC qui s'amorce jeudi à Glen Abbey.

«Quelqu'un réussira l'exploit un de ces jours, que ce soit un golfeur de ma génération ou un jeune espoir, a opiné Weir après avoir participé à un tournoi pro-am mercredi. Ce serait bien pour le golf au Canada si l'un d'entre nous y parvenait.»

Les golfeurs canadiens se font parler de cette longue disette chaque fois qu'ils se préparent pour l'événement. Aujourd'hui, ils savent tous que Pat Fletcher est le dernier joueur originaire du pays à avoir remporté le tournoi, en 1954.

Richard Zokol est bien placé pour parler du phénomène. En 1987, il partageait le premier rang avant le début du parcours final avant de présenter une carte de 75 et voir Curtis Strange soulever le trophée commémoratif.

Zokol se souvient encore du moment où il a marché dans l'allée du premier trou et a vu de nombreux amateurs agiter des drapeaux canadiens. C'est là qu'il a réalisé toute l'ampleur du défi qui se présentait à lui.

Vingt-et-un ans ont passé et les amateurs de golf du Canada attendent encore de voir l'un de leurs compatriotes mettre la main sur le titre.

«Chaque année, la tâche est de plus en plus difficile, soutient Zokol. Un de ces jours, quelqu'un devra faire face à la pression et réussir.»

Mais Zokol ne voit pas arriver ce jour tant qu'il n'y aura pas un plus grand nombre de golfeurs canadiens au sein de la PGA. À moins que la «foudre ne s'abatte» sur le terrain.

Et de la façon dont la semaine a commencé, peut-être est-ce bon signe.

Glen Abbey a été inondé par près de 200 millimètres de pluie depuis la fin de semaine, résultat d'une série de dépressions qui ont traversé la grande région de Toronto. Le tournoi pro-am de mercredi a dû être interrompu pendant quelques heures à cause de forts orages.

Ames s'est présenté au centre de presse au pire de la tempête, et on a dû hausser le volume du micro afin que la voix du golfeur de Calgary puisse dominer les coups de tonnerre. Ames se demandait si le terrain serait praticable pour les joueurs devant prendre le départ à compter de 7h jeudi matin.

«Le parcours est plutôt détrempé, malheureusement, et le temps actuel va empirer la situation», a affirmé Ames.

Lorsque la pluie a cessé, les préposés au terrain se sont rapidement mis à la tâche, et ce n'est pas le travail qui manquait. Une profonde mare d'eau s'était formée devant le vert du 17e trou, et un pont au 13e trou était complètement recouvert par les eaux du ruisseau Sixteen Mile. De plus, presque toutes les fosses de sable étaient inondées et il a fallu pomper l'eau pour les assécher.

Les dirigeants de la PGA envisageaient attendre à jeudi matin avant de décider s'ils retarderaient ou non le début du premier parcours. Mais peu importe l'heure des premiers coups de départ, la pluie des derniers jours aura une influence prédominante sur le résultat final.

«Le parcours sera plutôt long et la balle ne roulera pas beaucoup, a observé Weir. Le joueur qui connaîtra le plus de succès cette semaine devra demeurer dans les allées, car l'herbe haute sera épaisse. Et comme elle sera humide, la balle ne bondira pas très loin.»

Si jamais Weir devait mettre fin à la disette canadienne de 53 en l'emportant ce week-end, il se hisserait du même coup au premier rang pour le nombre de victoires par un golfeur canadien sur le circuit de la PGA. Lui et George Knudson se partagent le premier rang à ce chapitre avec huit triomphes.

«À moins de s'appeler Tiger, ce n'est jamais facile, a souligné Weir. Tous les morceaux du casse-tête doivent tomber à la bonne place. Vous ne pouvez pas espérer gagner sur le circuit de nos jours si une facette de votre jeu n'est pas à point.»