Le bénévolat occupe une place de choix dans le quotidien de Jean-Marie Lapointe. Le comédien et conférencier est d'ailleurs le porte-parole du Réseau de l'action bénévole du Québec. À l'occasion du temps des Fêtes, il nous parle de sa conception du bonheur.

Comment cultivez-vous votre bonheur au quotidien ?

J'ai un rituel le matin, je me place devant la fenêtre et je récite une prière de mère Teresa : « Ne laisse personne venir à toi sans qu'il reparte meilleur et plus heureux. » Et je dirais que c'est l'essence même de mon quotidien. J'essaie d'avoir une connexion avec toutes les personnes que je croise dans la journée, que ce soit à l'épicerie, au gym ou à la banque. Même si ce n'est que de petits contacts. Alors, imaginez, si juste ça me fait du bien, à quel point je suis heureux lorsque j'ai de longues conversations avec des gens.

Vous faites beaucoup de bénévolat, vous aimez donner de votre temps. Pourquoi ?

Je réponds à un élan du coeur qui est en moi. J'ai compris très jeune que j'avais une sensibilité pour les gens qui souffrent, les gens dans le besoin. Avec mon père, je me rendais à la Maison Jean Lapointe la veille de Noël et nous passions du temps avec les résidants. Ça leur faisait du bien à eux comme à nous. Mais j'ai réalisé que je ne le fais pas pour le bien-être que ça m'apporte. Ça répond juste à un élan du coeur que nous avons tous en nous ; les bouddhistes appellent ça la bonté fondamentale. Moi, je crois en ça. C'est ma philosophie.

Les Fêtes ne sont pas synonymes de bonheur pour tout le monde. Que suggérez-vous à ceux qui n'ont pas le coeur à la fête ?

D'éviter l'isolement. Si tu veux être misérable, pense à toi-même. Mais si tu veux être plus heureux, pense aux autres. Faire du bénévolat, entre autres, est une bonne façon de ne pas déprimer pendant les Fêtes. Si tu es seul à Noël, fais ça. C'est trop facile de se regarder le nombril et de se plaindre. Ou écris sur Facebook que tu es seul et que tu aimerais célébrer avec des gens ; il y en a d'autres comme toi, ou des personnes vont t'inviter à se joindre à leur soirée.

Chaque année, je passe Noël au centre Le Grand Chemin, qui traite la dépendance auprès des adolescents. Je me déguise en père Noël, et nous leur demandons de m'écrire une lettre. Depuis toutes ces années, je n'ai jamais reçu une lettre où un jeune demandait au père Noël des biens matériels. Ça me touche juste d'y penser. Ils sont vulnérables, ils sont loin de leur famille, mais ils disent : « Papa et maman, lorsque je sortirai, je serai sobre. »

Pour ceux qui n'ont pas le bonheur facile, que suggérez-vous ?

Je n'ai pas le bonheur facile, je le travaille. C'est comme la forme, en fait, c'est un muscle que nous devons travailler. Je le travaille chaque jour. Et je suis chanceux, car j'ai des amis avec qui je peux parler des choses essentielles comme le bien-être, la bonté, notre mission sur Terre. Je suis vulnérable avec eux, et ils peuvent ainsi me donner des conseils.

Aussi, tous les jours, j'ai des cases dans mon agenda où je m'offre de petits bonheurs. Ça peut être de lire, d'aller au gym, de méditer, d'avoir de bonnes conversations. Je crois en fait que c'est important d'avoir un équilibre entre offrir de son temps et s'offrir du bon temps.