On connaît les cours d'autodéfense pour les femmes, mais il en existe aussi pour les jeunes, enfants et adolescents. Les variantes permettent aux jeunes de s'affirmer et de se défendre physiquement, si nécessaire. Portrait des approches proposées.

Si l'autodéfense vise plus particulièrement les femmes, quelques organismes ou entreprises privées offrent des cours pour les jeunes. Attention, cependant, de ne pas effrayer les enfants. «Il faut développer les capacités du jeune dans le succès, pas dans la peur», explique Marylaine Léger, directrice de Pleins pouvoirs KIDPOWER Montréal, organisme sans but lucratif.

«Il ne s'agit pas de dire que le monde est menaçant, mais de mettre l'accent sur l'énergie et la force qui sont en nous et, surtout, de leur faire prendre conscience de cette force, décuplée par le mouvement et par la confiance», explique la sexologue Jocelyne Robert qui a elle-même suivi de tels cours, comme ses filles et sa petite-fille.

Les cours de Pleins pouvoirs ainsi que ceux du Centre de prévention des agressions de Montréal (CPAM) mettent l'accent sur les façons de s'affirmer, de gérer les attaques et de ne pas engendrer l'escalade. «On leur apprend à se protéger dans de petites situations», dit Marylaine Léger. «On leur apprend à se réapproprier leur pouvoir, à se demander ce qu'ils peuvent faire des diverses situations, on leur donne des choix, à briser l'isolement», explique Valérie Lavoie, animatrice de cours d'autodéfense pour le CPAM.

Les cours visent aussi à démystifier certaines croyances. En effet, les agressions par des inconnus ou les enlèvements ne représentent pas la majorité des attaques, au contraire. Les cours examinent trois volets: un problème avec un enfant du même âge, avec un adulte connu et un inconnu.

Par exemple, lors des ateliers, on ne dit pas aux enfants qu'il ne faut jamais parler aux inconnus, car cela engendre la peur. Selon l'âge, on enseigne plutôt à l'enfant à se poser des questions, à vérifier si quelqu'un peut l'aider à proximité, à refuser, à dire non. «On sensibilise les enfants à chercher de l'aide auprès d'un adulte en qui ils ont confiance, peu importe de qui il s'agit», explique Valérie Lavoie.

Par ailleurs, il faut respecter la personnalité de chaque enfant. «Un jeune plus timide n'aura pas à travailler les mêmes choses qu'un enfant plus rapide sur la gâchette», souligne Marylaine Léger.

Pour les parents qui auraient peur que leurs enfants utilisent les techniques d'autodéfense à mauvais escient, les intervenants répondent qu'ils sont déjà exposés à des images de violence. «Si les enfants savent que ce sont des outils pour diminuer leur vulnérabilité, ils vont moins les utiliser pour agresser», pense Valérie Lavoie.

Fausses agressions

Approche différente pour Marc Jobin, de l'entreprise To Shin Do Québec, qui offre plusieurs cours d'autodéfense dans les écoles. Les cours sont offerts par une femme et un homme qui simulent les agressions. «La simulation permet de rendre la situation réelle. Elle développe la certitude que ça fonctionne», souligne M. Jobin.

Il existe aussi les arts martiaux, sauf que l'apprentissage est plus long. Le but de ces cours n'est pas seulement l'autodéfense, mais une philosophie de vie. Jacques Mantion, spécialiste des arts martiaux qui donne le cours d'autodéfense au département de kinésiologie de l'Université de Montréal, pense qu'avant 12 ans, les cours d'arts martiaux sont une bonne solution pour les jeunes. «On peut leur apprendre des principes d'autodéfense à l'adolescence.»

Les aînés aussi peuvent se défendre

Pour acquérir les principes physiques et psychologiques de l'autodéfense, aucun besoin d'être un adulte en forme. Tout le monde peut suivre un tel cours, y compris les aînés. Il en existe même pour les personnes aveugles, sourdes et en fauteuil roulant. «Les principes et les habiletés de l'autodéfense sont les mêmes de 3 à 103 ans», indique Valérie Lavoie. L'organisme Pleins pouvoirs KIDPOWER Montréal vient d'obtenir une subvention du ministère de la Famille et des Aînés pour offrir des ateliers aux personnes âgées. On leur apprend à utiliser leurs forces psychologiques, leurs idées, leur sagesse, même s'ils ne sont pas totalement impuissants physiquement. «Durant les ateliers, on travaille pour contrer les effets négatifs de l'imaginaire qui engendre la peur», explique Marylaine Léger.

Des organismes qui offrent des ateliers à l'école

> La fondation Pleins pouvoirs  KIDPOWER Montréal: 514-990-7124, www.kidpowermontreal.org



> Le Centre de prévention des agressions de Montréal (CPAM): 514-284-1212, cpamapc.org

> To Shin do Québec: www.toshindo-quebec.com

Respecter les principes de base

> L'apprentissage de la confiance, comment faire les bons choix (ne pas de se battre quand on peut s'éclipser pour éviter un risque), relever la tête, ne pas adopter une attitude de victime.

> Ne pas donner de principes de défense physique à des enfants de moins de 5 ans. Ils n'ont pas assez de discernement pour bien les utiliser.

> Ne pas expliquer des situations qui font peur à l'enfant et lui dire ce qu'il ne faut pas faire.

> Aborder les risques en plantant d'abord le décor positif.

> Donner aux enfants différents outils qu'ils peuvent utiliser selon les situations qui se présentent à eux.