Être bon, d'accord. Mais dans un stationnement bondé à la veille des Fêtes et dans une réunion familiale tendue, la gentillesse ne s'impose pas par elle-même. Et oups! on lâche une remarque assassine.

«La bonté ce n'est pas de la pureté. On peut essayer d'être un saint, mais ça ne marchera pas», tempère Martine Cinq-Mars, psychologue. Nous pouvons tous négliger de tenir une porte et passer devant un collègue sans le saluer. Personne n'est parfait.

 

Stefan Einhorn le concède aussi: le concept de la gentillesse est plutôt simple, mais dans la vie courante, son application l'est moins. Surtout quand on a appris que pour faire sa place, il faut jouer du coude.

«Être quelqu'un de généralement bon, c'est un défi, c'est un long processus», concède-t-il.

Comment y arriver? D'abord en étant honnête, envers nous-mêmes et envers les autres, dit Stefan Einhorn. Quitte à dire à un collègue qu'il a mauvaise haleine, précise-t-il. Avec empathie, douceur et tact, mais le lui dire quand même parce «qu'il est possible qu'il se sente socialement isolé et qu'il finisse par perdre son emploi». Ça peut aller jusque-là, jure-t-il.

Aille. Non seulement être bon impliquerait donc une bonne dose de gestion de l'agressivité, mais finalement, beaucoup de courage aussi.

«Je crois qu'il est bon de commencer par toutes sortes de petits gestes gentils, même s'ils nous paraissent mécaniques ou obligés au début, explique le cancérologue. Au bout d'un temps, ces actes deviennent plus naturels. On se met alors à écouter automatiquement les personnes qui nous entourent et on saisit alors des occasions de leur faire vraiment plaisir.»

Nous avons donc droit à l'erreur, s'accordent donc les spécialistes de la question. Ils vont même plus loin: nous avons le droit d'être gentil avec les autres parce que ça nous fait du bien. Point.

Sans tomber dans la flatterie ou, au contraire, dans la bonasserie, on peut très bien être bon pour éprouver soi-même de bons sentiments. C'est l'acte qui compte, soutient M. Einhorn.

Être altruiste... en pensant à nous? «Oui, on peut sentir qu'on fait du bien en partie pour soi et c'est correct aussi, croit Mme Cinq-Mars. Le bénévolat, c'est un bon exemple. Il ne faut pas avoir un jugement trop dur sur soi.»